Mamie, ô ma
mie,
Peux-tu me promettre que ton sein sera toujours chaud, tes mains toujours dans
les miennes, ta voix qui chuchote à mon oreille ?
J’ai vingt
ans, et la vie me vomit déjà.
Peux-tu me
dire pourquoi ils veulent nous puiser jusqu’à nous épuiser,
nous
dérober, nous profaner, prendre nos libertés en otage ?blasphèment avec leurs instincts en solde, leurs lots de mensonges et on est
assez bêtes pour acheter leurs paroles plutôt deux jours qu’un. On devrait
n’avoir que nos corps pour aimer.
vite. Dans les métros, dans les rues, dans les écoles. Ils se ruent après je ne
sais quoi. C’est normal, personne ne leur a dit qu’ils vidaient
leurs larmes et tarissaient leurs coeurs. Personne ne leur a appris à ne pas
écouter le chant des sirènes à moitié nues sur des panneaux de 20mètres, celles
qui veulent te faire croire que tu pourras enfin te rassasier du silence si tu
es différent. Si tu consommes, tu ne te consumeras pas. Si tu suis les règles, tu
peux espérer rejouer. Personne ne leur a dit, mamie, ô ma mie, qu’ils ne
jouaient pas au bon jeu.
Depuis bien
trop longtemps déjà, ils ont oublié qu’ils n’étaient pas
orphelins du
monde. Ils sont seuls dans leur coeur. Ils sont seuls sous leursdraps. Ils sont seuls dans les villes. Je vois leurs pieds qui foulent des
pavés, comme des hommes à terre.
Puis-je te promettre que mon sein sera toujours chaud, mes mains toujours dans
les tiennes, ma voix qui chuchote à ton oreille ?
deux trois cris qui résonnent dans nos intérieurs. Des jurons. Des sanglots. Des
rires, peut-être. Ça fonctionne comme une machine bien huilée. On allume la télé
et on bouffe de l’illusion jusqu’à en dégueuler, parce qu’on
n’arrive plus à rêver la nuit. C’est tout noir et froid. Je ne sais même pas si
nos corps laissent une empreinte sur nos matelas, de la chaleur sur nos draps,
un peu de paix sur l’oreiller. On va mourir vierges d’aimer.
Moi, je veux
chérir tout et n’importe quoi. Le clapotis de la pluie sur ma
véranda qui m’énerve
le matin à 8heures. L’odeur du croissant aubeurre chaud. Les petites vieilles qui commèrent dans les bus. Le soleil qui se
lève. Puis le soleil qui se couche. Le sable chaud à s’en brûler les
pieds. Le vent qui fait pleurer les yeux et pique les oreilles. Ma mère qui
gueule les jours d’hiver. J’aimerais que les gens disent « bonjour »
en rentrant dans les transports en commun, que les « bon courages » fusent dans
les magasins, qu’on se sourie, qu’on se respecte.
Il y a une
petite vieille au Leclerc qui n’a personne à qui parler,
alors elle
raconte ses malheurs à tout le monde. Moi, j’aimerais lui offrirmes larmes. Je me demande si quand je pense à elle, elle le sait. Est-ce
qu’elle le sent dans son coeur ? Est-ce que son pouls s’accélère et
sa poitrine se soulève de plus en plus vite ? Est-ce que ça la fait pleurer de
joie, de sentir que j’ai son visage au creux de mon ventre, ça et son
sourire un peu triste ?
Mamie, ô ma
mie,
Peux-tu me
promettre de sentir mon amour meubler ta grande maison ? Sur les
murs, les
tapis, dans les tons orangés et bleutés, au fond de ton lit, sur lacommode, dans le bureau. Mouillée sur le paillasson. Le vent en poupe sur le
toit. Allongée sur tes genoux, le soir, devant la télé. Mes yeux dans tes yeux,
t’implorant de pardonner mon absence.
... de ma belle Léa qui a travaillé tout cet été à garnir les rayons d'un supermarché avant de reprendre ses études.
Oh gentille Léa c'est le Mami blues ?
RépondreSupprimeroh mais la garce! elle m'a fait pleurer !!!
RépondreSupprimerô mamie , quelle chance tu as d'avoir une si belle petite fille, avec ce regard terrible sur le monde et ce cœur gros comme une montagne !
et en plus, elle a les cheveux bleus, ou roses, ou parmes...selon l'humeur
elle a bien raison
moi, je te fais mes mille bises et tu lui en feras mille de plus de ma part, claudia
Ce texte est splendide, il n'est pas dit qu'un jour je ne le pique.
RépondreSupprimerElle mériterait que l'on change Octographe en Décagraphe.
Fais lui plein de bises de ma part à moi aussi.