mardi 31 décembre 2019

Bon passage de 2019 à 2020 !

En ce soir où certains et certaines réveillonnent : De la Musique avant toute choses ... de Paul VERLAINE
et des toiles de Bela de Kristo, Bramly, Dufy, Matisse et Van Dongen.



" De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l’Impair
Plus vague et plus soluble dans l’air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.


Il faut aussi que tu n’ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Ou l’Indécis au Précis se joint.




C’est de beaux yeux derrière des voiles,
C’est le grand jour tremblant de midi ;
C’est par un ciel d’automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !


Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la couleur, rien que la Nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !




Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L’Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l’Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !


Prend l’éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d’énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l’on y veille, elle ira jusqu’où ?




Ô qui dira les torts de la Rime !
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d’un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?


De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée
Vers d’autres cieux à d’autres amours.



Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym…
Et tout le reste est littérature.


Paul Verlaine,l'Art Poétique,  Jadis et Naguère (1885)

lundi 30 décembre 2019

Maurice Béjart au Festival d'Avignon (1966)

… Maurice Béjart et sa troupe du ballet du 20 ème siècle  dans la Cour du Palais des Papes !

Coup de nostalgie car j'y étais, j'ai assisté aux représentations de plusieurs spectacles dont le Boléro de Ravel , mais aussi à plusieurs répétitions .

 Parce que je bossais sur le festival avec les Rencontres Internationales organisées par les CEMEA où j'étais instructrice.

CEMEA ? =  centre d'Entraînement aux Méthodes d'Education Active.

Nous y recevions des jeunes pratiquement du monde entier , ils étaient acteurs en herbe, régisseurs, musiciens, étudiants en Art … j'y ai connu des polonais, des russes, des américains, des yougoslaves, bien sûr aussi des anglais, des espagnols, des italiens …. des africains , morts de rire à cause de ma voix et de mon accent et surtout parce que c'était une femme qui leur faisait la conférence de présentation ! Parmi eux, il y avait un ministre congolais qui sortait les gros billets à tout bout de champ.

Tout ceci m'est revenu quand j'ai lu dans la Presse que les Ballets de St Pétesbourg venaient à Pau en janvier. Mais, pas sûre que ce classicisme exacerbé me convienne, affaire à suivre ...




mardi 24 décembre 2019

Merry Christmas Mr Bean | Full Episode | Mr. Bean Official

...C'est NOËL, sourions ! 

Joyeux NOËL !

  Je tiens , à l'approche de Noël à vous exprimer mes vœux les plus philosophiques :
" Le père Noël pense à vous … donc existe."
Signé DESCARTES.
enfin ...  à peu près ! 


dimanche 22 décembre 2019

Maurice de VLAMINCK ... orages !

Bonjour mes amies-amis.
Avez-vous bien dormi ou bien avez-vous été inquiétées-és par de vilains orages et coups de vents tempétueux ? Les grands arbres près de chez vous se sont-ils inclinés mais pas agenouillés ? Ici, près de Pau, du moins autour de chez moi, rien de gravissime. Juste ce matin un ciel lourd à la VLAMINCK.

... à la Vlaminck ???... mais oui ! 


...à la MAURICE de Vlaminck, cet artiste français (1876-1958) qui a peint de nombreux ciels - doit-on ici dire cieux ? - bon, des cieux torturés en gestes amples et habités. On ressent, à la vue de ses toiles , son plaisir charnel et voluptueux à étaler les couleurs. 




 Autodidacte en plus, mais avec un ancêtre néerlandais qui a dû lui transmettre quelques gênes, et tombé en admiration devant les peintures de Derain rencontré fortuitement à l'occasion d'un accident de train ! Admiratif aussi de Van gogh découvert dans un musée parisien alors qu'il allait s'y
 abriter de la pluie, dit-on.

 
Et, ce qui ne gâche rien, passionné en plus de vélo, de musique et d'écriture ! Il fut tour à tour cycliste professionnel, ouvrier dans un atelier de vélos, contrebassiste et écrivain. 


Alors aujourd'hui , en KDO, voici quelques-uns de ces ciels-cieux tourmentés mais si beaux, pas tristes du tout .

mercredi 11 décembre 2019

Ne lavez plus vos voitures !

C'est  à Moscou, hélas pour ma voiture, que l'artiste Nikita GOBULEV parcourt les rues pour exprimer son talent et ainsi égayer l'environnement urbain en dessinant sur les voitures ou les camions sales. 





Alors la prochaine fois que quelqu’un se moque de votre voiture sale, expliquez-lui que vous tenez simplement à soutenir les artistes de rue locaux .









vendredi 6 décembre 2019

Les Bassins de LUMIERES : au printemps 2020 à Bordeaux

Un bel événement sur Bordeaux : Gustave KLIMT aux Bassins de Lumières !... et Klimt, juste pour un début.
Cela se passera à l'ancienne base sous-marine... A ne pas louper, je suis certaine que ce sera magnifique. Cette ancienne base reconvertie en lieu culturel, propose souvent de superbes expositions.
A noter : la billetterie est déjà ouverte, mais si j'ai parlé au futur, c'est que ce ne sera pas avant le printemps 2020 !



Retour sur ces BASSINS de LUMIERES à Bordeaux .
Ouverture prévue le 17 avril 2020
Et , on a du mal à l'imaginer, mais ce sera le plus grand centre d’art numérique au monde !

* Situés dans l’ancienne Base sous-marine de Bordeaux, les BASSINS DE LUMIÈRES présenteront des expositions numériques immersives monumentales dédiées aux grands artistes de l’Histoire de l’Art et à la création contemporaine. Ils représentent 3 fois la surface des Carrières de Lumières des Baux-de-Provence et 5 fois l’Atelier des Lumières de Paris.


* Les expositions numériques épouseront l’architecture monumentale de la base sous-marine et se refléteront dans l’eau des quatre immenses bassins ajoutant ainsi une nouvelle dimension à l’expérience immersive. La visite s’effectuera sur des passerelles au-dessus de l’eau et le long des quais des gigantesques bassins.


* Tout au long de l’année, les Bassins de Lumières donneront rendez-vous aux amateurs d’art classique ou contemporain et plusieurs expositions seront présentées simultanément.
Et si j'ai bien compris , la première expo mettra en valeur Gustav KLIMT .... En plus de celle déjà postée, je vous en livre quelques images .... en avant-première !






mercredi 4 décembre 2019

Roger Glover And Guests - Love Is All

Un petit air entraînant pour tenter de me faire pardonner de vous avoir abandonnées-ées ces derniers temps !

mardi 12 novembre 2019

le talent de MOG ou le STREET-ART humain sur PAU .

Voici la dernière réalisation de l'artiste paloise MOG ( Marika Gysbers ) que je crois bien connaître ! 
… ou quand le Street-Art est de qualité 
Qualité artistique mais humaine aussi .




Car cette fresque vient d'être réalisée pour les 30 ans de l'association L'Agora pour l'emploi - dont l'activité est d'aider à l'insertion et la réinsertion de personnes par le travail. 
 Elle a été pensée en collaboration avec les membres fondatrices du centre et a été réalisée par MOG:Marika avec deux personnes en réinsertion professionnelle.
Ecoutons-la :
"Un grand Merci à tout le monde pour ce projet avec une pensée émue pour les 3 fondatrices de l'association : Bravo ! Incroyable "



lundi 11 novembre 2019

Les Lettres Maxime Le Forestier 1975





en ce 11novembre, cette si touchante chanson de Maxime Le Forestier imaginant des lettres échangées entre un jeune soldat de la 1ère guerre mondiale et son épouse.
" On dit que tout cela pourrait durer longtemps , il faut nous préparer à passer tout ce temps.... ça ne fait rien, je t'aime "

dimanche 10 novembre 2019

Un prix Renaudot médiatisé

Et bien oui ! ... l'indice vous dirigeait …. mais quel indice ? ben, celui d'une panthère dans la neige, facile ! 



bref l'indice, sur FB, si vous allez sur ma page, vous menait bien vers le Prix RENAUDOT 2019 attribué, ce qui est une surprise, à ,Sylvain TESSON , le baroudeur, pour " La Panthère des Neiges ".
A noter que ce prix se tient quelques minutes à peine après le Goncourt dont il attend les résultats. Et pourquoi donc celui-ci est-il une surprise ? ... tout simplement parce que ce titre ne figurait pas dans la sélection finale ! Sans doute est-ce son grand succès en librairie- il faut dire aussi qu'on a vu Tesson ces jours-ci sur toutes les chaînes- qui a pesé dans la balance ?
* En tout cas, ce livre est plus qu'un récit de voyage , c'est une quête.
« Je me sens comme une panthère dans un monde en ordre »a déclaré S. Tesson.


Amateur des sommets et habitué des aventures au long cours, l'auteur a donc pris une nouvelle fois la direction des hauts plateaux du TIBET avec le photographe animalier Vincent Munier. En plein hiver, les deux hommes sont partis à la recherche de la panthère des neiges, cet animal dont il ne reste que quelques milliers de spécimens. A 5 000 mètres d’altitude, « les conditions d’observation deviennent très difficiles, il faut parfois rester immobile pendant trente heures consécutives par - 30°C pour apercevoir quelques minutes le passage majestueux de l’animal » a encore déclaré Sylvain Tesson. 

...et « J'espère que cela aidera mieux à comprendre et sauvegarder les animaux qui en ont tant besoin »



mercredi 6 novembre 2019

Un GONCOURT 2019 que j'apprécie particulièrement

Oui mes amis-es, je vous ai laissés momentanément … un peu de blues, beaucoup d'occupations, trop sans doute et de …. préoccupations, mais j'aime l'idée de vous retrouver. 
Déjà avec ce joli Goncourt .... Ouf ! 

Oui, ouf ! le PRIX GONCOURT 2019 a été décerné ce lundi 4 novembre au toulousain Jean-Paul DUBOIS pour " Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon" .
 C’est l’histoire d’un homme banal incarcéré pour un crime que l’on ignore et qui va en cellule se remémorer sa vie passée.
Plus qu’un roman, c’est un manifeste littéraire contre toutes les formes d’injustice que l’Académie Goncourt a couronné aujourd'hui.
Incarcéré dans une cellule de six mètres carrés, Paul, le protagoniste du livre, nous partage donc en huis clos les souvenirs de sa vie d'avant, jusqu’au jour où tout s’écroule.
Avec " Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon " (éditons L’Olivier), Jean-Paul Dubois nous permet d’entrer dans la vie et les révoltes intérieures d’un régisseur incarcéré pour deux ans dans la prison provinciale de Montréal. 



« Tout arrive ! C’est adorable… » a dit un Jean-Paul Dubois ému lors de l’annonce du prix décerné par six voix contre quatre à Amélie Nothomb, autrice aux chapeaux ( ou auteure ? ) de " Soif" ... ouf ! on a eu chaud.

vendredi 27 septembre 2019

à mon amie Pierrette , ma grande soeur de coeur, partie bien vite ce matin

Jacques Prévert, recueil  " PAROLES" 1945

"A l’enterrement d’une feuille morte
Deux escargots s’en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s’en vont dans le noir
Un très beau soir d’automne
Hélas quand ils arrivent
C’est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes ressuscitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voilà le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le coeur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L’autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C’est moi qui vous le dis
Ça noircit le blanc de l’oeil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C’est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent à chanter
A chanter à tue-tête
La vraie chanson vivante
La chanson de l’été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C’est un très joli soir
Un joli soir d’été
Et les deux escargots
S’en retournent chez eux
Ils s’en vont très émus
Ils s’en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais là-haut dans le ciel

La lune veille sur eux." 



            Voilà pour toi ma Pierrette, ma grande soeur, celle qui avait su remplacer la soeur que je n'avais pas eue  ... parce que je ne veux pas étaler ma tristesse, voilà ce poème de  Jacques Prévert, tu l'aimais , je te l'offre .
...là haut, la lune veillera sur moi.

Pourquoi t'ai je choisie ?
Pourquoi m'as-tu aimée ?
Nous ne sommes pas Montaigne et la Boétie ,je n'ai pas les réponses.
Mais un  jour tu m'as déclaré  dans un chaud sourire comme tous ceux que tu savais donner :
-" Mais quel bonheur j'ai eu  de t'avoir rencontrée !"
Oui, quel bonheur à mon tour  de t'avoir rencontrée.
 Nous avons passé de bien beaux jours ensemble, de bien belles journées, de bien belles heures, de bien belles minutes.
Je me souviendrai à jamais du soleil de Gruissan et de ces thés légers partagés que tu voulais sans sucre et bios... hu hu !
Mais ce soir c'est la lune que je vais contempler.
Je t'aime Pierrette ! 


mardi 17 septembre 2019

Mère , pourquoi ?

Mère,
Pourquoi la rivière rit-elle?
Parce que le soleil illumine ses eaux.
Mère,
Pourquoi la rivière chante-t-elle?
Parce que ses eaux sont limpides tel le cristal.
Mère,
Pourquoi la rivière est-elle froide à présent?
Parce que l'automne est passée et que l'hiver approche.
Mère,
Quel âge a la rivière?
L' âge éternel tel le printemps du cœur, toujours jeune.
Mère,
Où la rivière va-t-elle à présent?
Ma fille, comme moi, elle va rejoindre l'eau des océans de l'univers.
Mère, alors, je vais jeter des fleurs dans l'eau de la rivière.
Je vais embrasser seule, l'amour, la douleur et la peur .

A ma mère
Texte de Tamako Art

mercredi 11 septembre 2019

Victor HUGO ... écrits sur PASAIA - PASAGES ... extraits de " En voyage" Pyrénées .

Suite à ma virée à Pasia-Pasages en Espagne, je me suis replongée dans l'ouvrage que Victor Hugo avait écrit sur ce village : 

  "Cependant notre barque avançait toujours. Elle doubla un petit cap qu’une grande maison ruinée domine de ses quatre murailles percées de portes sans battants et de fenêtres sans châssis.
Tout à coup, comme par magie, et sans que j’eusse entendu le sifflet du machiniste, le décor changea, et un ravissant spectacle m’apparut.  



Un rideau de hautes montagnes vertes découpant leurs sommets sur un ciel éclatant ; au pied de ces montagnes, une rangée de maisons étroitement juxtaposées ; toutes ces maisons peintes en blanc, en safran, en vert, avec deux ou trois étages de grands balcons abrités par le prolongement de leurs larges toits roux à tuiles creuses ; à tous ces balcons mille choses flottantes, des linges à sécher, des filets, des guenilles rouges, jaunes, bleues ; au pied de ces maisons, la mer ...



 à ma gauche, au premier plan, au pied d’une autre montagne, un autre groupe de maisons à balcons aboutissant à une vieille tour démantelée ; des navires de toute forme et des embarcations de toute grandeur rangées devant les maisons, amarrées sous la tour, courant dans la baie ; sur ces navires, sur cette tour, sur ces maisons, sur ces guenilles, sur cette église, sur ces montagnes et dans ce ciel, une vie, un mouvement, un soleil, un azur, un air et une gaieté inexprimables ; voilà ce que j’avais sous les yeux. Cet endroit magnifique et charmant comme tout ce qui a le double caractère de la joie et de la grandeur, ce lieu inédit qui est un des plus beaux que j’aie vus et qu’aucun « touriste » ne visite, cet humble coin de terre et d’eau qui serait admiré s’il était en Suisse et célèbre s’il était en Italie, et qui est inconnu parce qu’il est en Guipuzcoa, ce petit éden rayonnant où j’arrivais par hasard, et sans savoir où j’allais, et sans savoir où j’étais, s’appelle en espagnol Pasages et en français " le Passage ".
La marée basse laisse la moitié de la baie à sec et la sépare de Saint-Sébastien qui est lui-même presque séparé du monde. La marée haute rétablit « le Passage ». De là ce nom. 




... la barque avait touché le débarcadère. J’étais tellement ébloui du lieu que j’ai jeté en hâte ma peseta à Manuela, et que j’ai sauté sur le rivage, oubliant tout ce que m’avait dit l’espagnol, et l’espagnol lui-même, qui a dû, j’y songe maintenant, me regarder partir d’un air fort ébahi.
Une fois à terre, j’ai pris la première rue qui s’est présentée ; procédé excellent et qui vous mène toujours où vous voulez aller, surtout dans les villes qui, comme Pasages, n’ont qu’une rue.
J’ai parcouru cette rue unique dans toute sa longueur. Elle se compose de la montagne, à droite, et à gauche de l’arrière-façade de toutes les maisons qui ont leur devanture sur le golfe. Ici, nouvelle surprise. Rien n’est plus riant et plus frais que le Passage vu du côté de l’eau ; rien n’est plus sévère et plus sombre que le Passage vu du côté de la montagne. 



Ces maisons si coquettes, si gaies, si blanches, si lumineuses sur la mer, n’offrent plus, vues de cette rue étroite, tortueuse et dallée comme une voie romaine, que de hautes murailles d’un granit noirâtre, percées de quelques rares fenêtres carrées, imprégnées des émanations humides du rocher, morne rangée d’édifices étranges sur lesquels se profilent, sculptés en ronde-bosse, d’énormes blasons portés par des lions et des hercules et coiffés de morions gigantesques. Par devant ce sont des chalets ; par derrière ce sont des citadelles.
Je me faisais mille questions. Qu’est-ce que ce lieu extraordinaire ? Que peut signifier une rue écussonnée d’un bout à l’autre ? On ne voit de ces rues-là que dans les villes de chevaliers comme Rhodes et Malte. D’ordinaire les armoiries ne se coudoient pas. Elles veulent l’isolement ; elles ont besoin d’espace comme tout ce qui est grand. Il faut tout un donjon à un blason comme toute une montagne à un aigle. Quel sens peut avoir un village armorié ? Cabanes par devant, palais par derrière, qu’est-ce que cela veut dire ? Quand vous arrivez par la mer, votre poitrine se dilate, vous croyez voir une bucolique ; vous vous écriez : Oh ! la douce et candide et naïve peuplade de pêcheurs ! Vous entrez, vous êtes chez des hidalgos, vous respirez l’air de l’Inquisition ; vous voyez se dresser à l’autre bout de la rue le spectre livide de Philippe II.
Chez qui est-on quand on est à Pasages ? Est-on chez des paysans ? est-on chez des grands seigneurs ? Est-on en Suisse ou en Castille ? N’est-ce pas un endroit unique au monde que ce petit coin de l’Espagne où l’histoire et la nature se rencontrent et construisent chacune un côté de la même ville, la nature avec ce qu’elle a de plus gracieux, l’histoire avec ce qu’elle a de plus sinistre ?

...Au bout de deux heures, ayant tout vu ou du moins tout effleuré, je me suis rembarqué.  
 De retour à Saint-Sébastien, j’ai annoncé dans mon auberge que j’irais le lendemain m’installer à Pasages " 

ps : vous pouvez aussi vous régaler de la suite de cette lecture, Hugo y décrit la maison qu'il loua ensuite à Pasages ... et il estclair que c'est d'une extrême fidélité, un régal quand on l'a visitée.
...et voici quelques photos de la maison où s'installa HUGO l'été 1843.



   sa chambre ...

 la vue depuis la fenêtre de sa chambre

... et Bibi ravie de cette virée !