vendredi 27 septembre 2019

à mon amie Pierrette , ma grande soeur de coeur, partie bien vite ce matin

Jacques Prévert, recueil  " PAROLES" 1945

"A l’enterrement d’une feuille morte
Deux escargots s’en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s’en vont dans le noir
Un très beau soir d’automne
Hélas quand ils arrivent
C’est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes ressuscitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voilà le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le coeur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L’autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C’est moi qui vous le dis
Ça noircit le blanc de l’oeil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C’est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent à chanter
A chanter à tue-tête
La vraie chanson vivante
La chanson de l’été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C’est un très joli soir
Un joli soir d’été
Et les deux escargots
S’en retournent chez eux
Ils s’en vont très émus
Ils s’en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais là-haut dans le ciel

La lune veille sur eux." 



            Voilà pour toi ma Pierrette, ma grande soeur, celle qui avait su remplacer la soeur que je n'avais pas eue  ... parce que je ne veux pas étaler ma tristesse, voilà ce poème de  Jacques Prévert, tu l'aimais , je te l'offre .
...là haut, la lune veillera sur moi.

Pourquoi t'ai je choisie ?
Pourquoi m'as-tu aimée ?
Nous ne sommes pas Montaigne et la Boétie ,je n'ai pas les réponses.
Mais un  jour tu m'as déclaré  dans un chaud sourire comme tous ceux que tu savais donner :
-" Mais quel bonheur j'ai eu  de t'avoir rencontrée !"
Oui, quel bonheur à mon tour  de t'avoir rencontrée.
 Nous avons passé de bien beaux jours ensemble, de bien belles journées, de bien belles heures, de bien belles minutes.
Je me souviendrai à jamais du soleil de Gruissan et de ces thés légers partagés que tu voulais sans sucre et bios... hu hu !
Mais ce soir c'est la lune que je vais contempler.
Je t'aime Pierrette ! 


mardi 17 septembre 2019

Mère , pourquoi ?

Mère,
Pourquoi la rivière rit-elle?
Parce que le soleil illumine ses eaux.
Mère,
Pourquoi la rivière chante-t-elle?
Parce que ses eaux sont limpides tel le cristal.
Mère,
Pourquoi la rivière est-elle froide à présent?
Parce que l'automne est passée et que l'hiver approche.
Mère,
Quel âge a la rivière?
L' âge éternel tel le printemps du cœur, toujours jeune.
Mère,
Où la rivière va-t-elle à présent?
Ma fille, comme moi, elle va rejoindre l'eau des océans de l'univers.
Mère, alors, je vais jeter des fleurs dans l'eau de la rivière.
Je vais embrasser seule, l'amour, la douleur et la peur .

A ma mère
Texte de Tamako Art

mercredi 11 septembre 2019

Victor HUGO ... écrits sur PASAIA - PASAGES ... extraits de " En voyage" Pyrénées .

Suite à ma virée à Pasia-Pasages en Espagne, je me suis replongée dans l'ouvrage que Victor Hugo avait écrit sur ce village : 

  "Cependant notre barque avançait toujours. Elle doubla un petit cap qu’une grande maison ruinée domine de ses quatre murailles percées de portes sans battants et de fenêtres sans châssis.
Tout à coup, comme par magie, et sans que j’eusse entendu le sifflet du machiniste, le décor changea, et un ravissant spectacle m’apparut.  



Un rideau de hautes montagnes vertes découpant leurs sommets sur un ciel éclatant ; au pied de ces montagnes, une rangée de maisons étroitement juxtaposées ; toutes ces maisons peintes en blanc, en safran, en vert, avec deux ou trois étages de grands balcons abrités par le prolongement de leurs larges toits roux à tuiles creuses ; à tous ces balcons mille choses flottantes, des linges à sécher, des filets, des guenilles rouges, jaunes, bleues ; au pied de ces maisons, la mer ...



 à ma gauche, au premier plan, au pied d’une autre montagne, un autre groupe de maisons à balcons aboutissant à une vieille tour démantelée ; des navires de toute forme et des embarcations de toute grandeur rangées devant les maisons, amarrées sous la tour, courant dans la baie ; sur ces navires, sur cette tour, sur ces maisons, sur ces guenilles, sur cette église, sur ces montagnes et dans ce ciel, une vie, un mouvement, un soleil, un azur, un air et une gaieté inexprimables ; voilà ce que j’avais sous les yeux. Cet endroit magnifique et charmant comme tout ce qui a le double caractère de la joie et de la grandeur, ce lieu inédit qui est un des plus beaux que j’aie vus et qu’aucun « touriste » ne visite, cet humble coin de terre et d’eau qui serait admiré s’il était en Suisse et célèbre s’il était en Italie, et qui est inconnu parce qu’il est en Guipuzcoa, ce petit éden rayonnant où j’arrivais par hasard, et sans savoir où j’allais, et sans savoir où j’étais, s’appelle en espagnol Pasages et en français " le Passage ".
La marée basse laisse la moitié de la baie à sec et la sépare de Saint-Sébastien qui est lui-même presque séparé du monde. La marée haute rétablit « le Passage ». De là ce nom. 




... la barque avait touché le débarcadère. J’étais tellement ébloui du lieu que j’ai jeté en hâte ma peseta à Manuela, et que j’ai sauté sur le rivage, oubliant tout ce que m’avait dit l’espagnol, et l’espagnol lui-même, qui a dû, j’y songe maintenant, me regarder partir d’un air fort ébahi.
Une fois à terre, j’ai pris la première rue qui s’est présentée ; procédé excellent et qui vous mène toujours où vous voulez aller, surtout dans les villes qui, comme Pasages, n’ont qu’une rue.
J’ai parcouru cette rue unique dans toute sa longueur. Elle se compose de la montagne, à droite, et à gauche de l’arrière-façade de toutes les maisons qui ont leur devanture sur le golfe. Ici, nouvelle surprise. Rien n’est plus riant et plus frais que le Passage vu du côté de l’eau ; rien n’est plus sévère et plus sombre que le Passage vu du côté de la montagne. 



Ces maisons si coquettes, si gaies, si blanches, si lumineuses sur la mer, n’offrent plus, vues de cette rue étroite, tortueuse et dallée comme une voie romaine, que de hautes murailles d’un granit noirâtre, percées de quelques rares fenêtres carrées, imprégnées des émanations humides du rocher, morne rangée d’édifices étranges sur lesquels se profilent, sculptés en ronde-bosse, d’énormes blasons portés par des lions et des hercules et coiffés de morions gigantesques. Par devant ce sont des chalets ; par derrière ce sont des citadelles.
Je me faisais mille questions. Qu’est-ce que ce lieu extraordinaire ? Que peut signifier une rue écussonnée d’un bout à l’autre ? On ne voit de ces rues-là que dans les villes de chevaliers comme Rhodes et Malte. D’ordinaire les armoiries ne se coudoient pas. Elles veulent l’isolement ; elles ont besoin d’espace comme tout ce qui est grand. Il faut tout un donjon à un blason comme toute une montagne à un aigle. Quel sens peut avoir un village armorié ? Cabanes par devant, palais par derrière, qu’est-ce que cela veut dire ? Quand vous arrivez par la mer, votre poitrine se dilate, vous croyez voir une bucolique ; vous vous écriez : Oh ! la douce et candide et naïve peuplade de pêcheurs ! Vous entrez, vous êtes chez des hidalgos, vous respirez l’air de l’Inquisition ; vous voyez se dresser à l’autre bout de la rue le spectre livide de Philippe II.
Chez qui est-on quand on est à Pasages ? Est-on chez des paysans ? est-on chez des grands seigneurs ? Est-on en Suisse ou en Castille ? N’est-ce pas un endroit unique au monde que ce petit coin de l’Espagne où l’histoire et la nature se rencontrent et construisent chacune un côté de la même ville, la nature avec ce qu’elle a de plus gracieux, l’histoire avec ce qu’elle a de plus sinistre ?

...Au bout de deux heures, ayant tout vu ou du moins tout effleuré, je me suis rembarqué.  
 De retour à Saint-Sébastien, j’ai annoncé dans mon auberge que j’irais le lendemain m’installer à Pasages " 

ps : vous pouvez aussi vous régaler de la suite de cette lecture, Hugo y décrit la maison qu'il loua ensuite à Pasages ... et il estclair que c'est d'une extrême fidélité, un régal quand on l'a visitée.
...et voici quelques photos de la maison où s'installa HUGO l'été 1843.



   sa chambre ...

 la vue depuis la fenêtre de sa chambre

... et Bibi ravie de cette virée ! 

dimanche 8 septembre 2019

à PASAIA près de Saint Sébastien, le chantier de construction d'un 3 mâts " à l'ancienne "


   Dernièrement, visite en Espagne, avec les amis du village , de Pasaia, joli port basque.



Alors, retour pédagogique, j'espère que vous ne m'en voudrez pas, sur ce chantier de constructions navales traditionnelles , unique au monde  et dont la visite nous a passionnées-és.

   Il y a maintenant plus de vingt ans que l´Agence du Développement de la Communauté de Communes Oarsoaldea et l´association ALBAOLA se sont unies autour de ce beau projet, l´objectif étant de mettre en valeur le patrimoine maritime  par le biais de la construction et la navigation d´embarcations traditionnelles. Le patrimoine maritime ne jouissait pas encore d´une identité propre, le grand public méconnaissait totalement l´histoire maritime basque et le défi était énorme.






   Mais c´est néanmoins durant toutes ces années que Pasaia a continué à croire en ce projet, en y travaillant discrètement, en habilitant un beau petit chantier d´embarcations traditionnelles. Ouvert au public, on y découvrait tous les secrets de la technologie maritime basque à travers la construction de bateaux d´époques différentes.
   Au fil du temps, le projet a grandi. Pasaia désire être à la hauteur de son histoire maritime, durant laquelle ses habitants multiplièrent d´épiques aventures maritimes, là où ses bateaux reliaient océans et cultures et où ses quais recevaient des bateaux de tous les horizons. A noter que c'est bien de ce port que s'embarqua LAFAYETTE !


  

   Désormais Pasaia désire accueillir des bateaux traditionnels à intérêt patrimonial, ainsi que leurs équipages. Il s´agit de bateaux contribuant à la diversité culturelle de la mer, avec leurs histoires, leurs récits, leurs légendes. Leur voiles, caressées de la jolie brise de la passe du port feront le plaisir du public qui se fera une idée de l´importance passée de la mer.













   En attendant la fin de la construction de cet énorme voilier 3 mâts ,un baleinier du 16 ème siècle dont Pierrette découvre la maquette, nous en admirons le chantier, qui, entre parenthèse, accueille en stage de formation des étudiants du monde entier. Le 3 mâts, dont la construction traditionnelle a débuté il y a 5 ans, devrait prendre la mer d'ici 2026 et reliera l'Amérique avec exactement les mêmes méthodes de navigation qu'autrefois, sans aucune adjonction des méthodes modernes. J'espère pouvoir connaître cela car le but final est bien que ce voilier prenne la mer et rejoigne les Amériques !
* ps: au fait , ici ce chantier construit un baleinier. Il s’agit donc d’ un musée-chantier, un espace innovateur, dans lequel se construit à l’ancienne et face au public un galion baleinier du XVIème siècle: le baleinier San Juan. Construit à Pasaia, ce baleinier est une illustration des premiers cargos transatlantiques qui hissaient les voiles du Pays Basque vers Terre-Neuve.


jeudi 5 septembre 2019

TARENTINO : " Once upon a time .... in Hollywood "

Alors, " Once Upon a time .... in Hollywood"?
Je ne vais pas en dire trop déjà parce qu'ici, comme j' y suis allée seule, ils veulent tous me baillonner pour que je me taise alors que ça me démange ... Quentin Tarentino lui-même,et je vais lui obéir vu le respect que je lui dois , a prié les journalistes et autres festivaliers de Cannes d'en raconter le moins possible sur les éléments de l'intrigue. Donc... nada.



même si .... hu hu ! ... il y a un élément que je brûle de donner car sans lui, le film devient incomplet voire incompréhensible. Derrière mois, n'ayant pas cet élément essentiel, ils se sont plaint que le film était trop long et que la fin était nulle .... et pour cause, Tarentino avec pudeur envoie le générique au moment pile où il aurait pu ajouter une scène finale épouvantable à sa sauce !

 
Un film ambitieux, un montage et des cadrages aux petits oignons, 15 minutes d'enfer rocambolesque qui vous éclabousse jusque dans votre fauteuil , un DiCaprio absolument sensationnel en acteur de seconde zone pleurnichard accroché à sa bouteille et un Brad Pitt magnifique en doublure-cascadeur cool illuminant l'écran du début à la fin.


 
Un hommage aux films de séries B ou Z d'avant 69 ? .... peut-être , mais ça ne me semble pas être l'essentiel. Aux acteurs ringards, aux rôles secondaires, aux doublures... certainement.
Bon, je me tais, je tiens à ce que ceux et celles qui iront le voir donnent leur avis ,pensez-y, ces échanges m'intéressent au plus haut point.
Comme les grands films, celui-ci n'a pas fini de me trotter dans la tête, j'ai adoré.




" Jeune et Jolie " de François OZON .

Très troublée hier soir par le film de françois OZON : " JEUNE et JOLIE " avec la troublante Marine Wacth sur ARTE. ( Tous les mots de la famille de " trouble " valent pour chaque film de ce réalisateur.) 





A noter donc en ce moment un cycle " Ozon" sur cette chaîne, pour notre plus grand bonheur. Dernièrement c'était " Sous le Sable " où l'époux de Charlotte Rampling disparaît un jour sur une plage , elle refusera jusqu'à la folie de croire à sa mort . Précédemment nous avons pu voir " Swimming Pool" , Ludivine Sagnier y accepte de se montrer nue tout au long du film sous l'objectif de ce réalisateur qui filme si bien les femmes, leur corps et leur âme . Il y a eu " l'Amant Double " avec Jérémy Rénier et encore Marine Watch. Je vous déverse tout cela un peu en vrac et aussi " Une amie qui vous veut du bien" avec Romain Duris, " 8 Femmes" avec une kyrielle d'artistes-stars dont Deneuve, 
" Dans la Maison" où un prof de français joué par Luchini manipule de façon malsaine une de ses élèves... bref de nombreux film à l'actif de ce réalisateur qui sort en gros un film par an.
 

Pour en revenir à " Jeune et Jolie", bien sûr ce qui est troublant c'est cette façon intime et jamais vulgaire ni pornographique de montrer le corps des femmes. C'est aussi ce sentiment qu'Ozon préfère vraiment parler d'elles , les montrer et ce ... toujours avec tendresse. Mais pour moi le plus troublant c'est cette " Focalisation Externe ", cette position du narrateur qui décrit , qui montre, sans jamais expliquer le pourquoi. Pourquoi cette jeune lycéenne a-telle choisi de se prostituer ? ... ??? jamais Ozon ne tente de percer le mystère qui reste entier au creux du corps et du coeur de la jeune-fille. C'est cela qui est passionnant . Ozon expose , laisse l'intimité de son personnage là où elle est, intime justement, voire secrète et le spectateur alors tente d'en percer les raisons , cherche des routes , joue un peu au psy , se prend au jeu ... mais au final, Ozon triomphe car rien n'est réellement dévoilé.

Un beau film quasiment impénétrable, en 4 saisons et 4 chansons.




 

ps : à noter que la série de films de François Ozon continue sans que j'ai réussi vraiment à connaître le titre et les dates des prochains films programmés, mais je serai devant mon écran.