jeudi 29 mars 2012

" Je te tiens par la main"... d'Annie SAUMONT.


Le garçonnet ne sait pas pourquoi, mais il tient inlassablement dans sa main gauche , serre et caresse, la main d'un autre petit garçon, presque un bébé, la main de son petit frère mort peu après sa naissance. 
C'était bien avant lui et il ne le sait pas , pourtant, il serre toujours cette main si fragile. La main du "Babe" de sa maman, celui qu'elle appelle sur son lit de mort. " Mon Babe! mon Babe! " comme dans un délire.
 Le grand frère(ou est-ce le petit?) salive, avale ses mots, parce que c'est difficile à prononcer , les mots.
Il tient toujours la petite main de Babe fermement dans la sienne . Il la tient depuis qu'il est né. Du coup, il était très maladroit, avec cette main gauche toujours occupée.
Alors, à la mort de sa maman, on l'a soigné.
De grands docteurs ont dit qu'il avait des TOCS.
Mais lui, il tient toujours tendrement la main du Babe de sa maman. Il doit veiller sur lui.

C'est une des nouvelles du recueil  LE TAPIS DU SALON  paru en janvier dernier.

L'auteur?
Annie Saumont ,traductrice, entre autres, de J.D. Sallinger...écrit des nouvelles, exclusivement des nouvelles.
 Prix Goncourt de la nouvelle pour QUELQUEFOIS DANS LES CEREMONIES,
Grand prix de la nouvelle de la Société des Gens de Lettres pour LES VOILA QUEL BONHEUR
Prix Renaissance de la nouvelle pour UN SOIR, A LA MAISON
et Prix de l'Académie Française.
 Son oeuvre est unanimement saluée, traduite dans le monde entier, et étudiée dans les Universités Américaines.
Et chez nous ? ... en orfèvre de l'écriture, elle scrute le plus simple quotidien, celui qui cache les profondeurs de l'âme humaine.

 Mais voilà, elle ne sait pas, elle ne veut pas parler de son oeuvre!
" Je ne sais pas comment ça vient, je m'assieds et ça surgit, c'est tout".
Ceux qui la questionnent, ceux qui croient qu'un bon auteur doit obligatoirement savoir parler de ce qu'il écrit avec brio, en restent sur leur faim, l'interwiever est quasiment impossible .
"Mais elle ne sait pas aligner deux mots!" a dit un ami qui l'avait vue à la télé.
Sans doute,
 mais elle écrit, 
 et ces mots-là vous percutent
et ajoutent un détail poignant au tableau qu'elle compose de notre société, sombre, implacable, pour tout dire : poignant!





1 commentaire:

  1. tu me donnes vraiment envie de le lire
    et pour moi, les nouvelles c'est impec !
    trop de pages me tue
    l'histoire de ce petit garçon me touche car des gens avec des TOCS ( venus d'où?) j'en vois dans mon boulot
    bisous
    claudia

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