« Les baladins qui serpentent les routes
Qui sont-ils donc dans leurs costumes d’or ?
Des vagabonds ou des dieux en déroute ?
Ils n’ont que des chansons pour seul trésor ».
Chanson, théâtre, baladin, saltimbanque et j’en passe, beaucoup de mots
qui ont en commun une passion, une folie : la liberté.
Fils, petit-fils, arrière et arrière-petit-fils de saltimbanques, de
briseurs de chaînes sur les places publiques, d’acteurs nomades, j’ai grandi
dans le milieu des théâtres ambulants qui sillonnaient la France. Trois mois
par-ci, trois mois par-là, changeant d’école au même rythme, bravant le rejet
des communautés sédentaires en construisant des amitiés éphémères mais
sincères, ignorant la bêtise pour exister …quelle vie pleine
d’enseignements !
Cela a duré jusqu’au début des années soixante où la télévision et les
moyens de transport ont éloigné le public de ces lieux de culture et de
plaisirs
Mais lorsque le besoin d’aller vers les autres est pratiquement inscrit
dans les gènes, lorsque le théâtre semble la seule activité susceptible de nous
rendre heureux, on regroupe les jeunes du clan et on repart sur les routes, de
salles des fêtes en salles polyvalentes, de granges en théâtres à l’italienne,
de places publiques en cours d’écoles, proposant du Molière, du Brecht ou du
Pirandello, osant tout au nom du théâtre populaire, ne retenant que les jours
fastueux aux jours de galère… inconscients des réalités de la vie.
Alors aujourd’hui quand mon amie Danielle me propose la préface du roman
qu’elle écrit avec trois autres passionnés, tout ce passé remonte en moi comme
autant de folies.
La décentralisation théâtrale ne
s’est pas faite à coup de milliers de francs. La plupart du temps c’était avant
tout des passionnés fauchés, privés des aides des collectivités locales, qui
apportaient le théâtre dans les lieux les plus reculés de l’hexagone. De 1970 à
1990 environ, nous avons parcouru le sud-ouest avec
le désir de sortir les gens de
leurs maisons, de leurs écrans ; mais ce rêve fou prenait sans cesse des
coups : combien de salles vides, combien de spectateurs vacanciers
irrespectueux plus bruyants qu’une colonie de vacances. Mais il y avait aussi
ces rencontres merveilleuses, ce regard d’enfant qui découvrait le théâtre, ce spectacle
vivant.
Et il m’arrive parfois au cours d’une discussion qu’un adulte se
souvienne m’avoir vu sur la scène lorsqu’il était collégien ; tout cela me
fait oublier les galères et le mépris de certains bien- pensant dont
l’éternelle question était : « Mais vous avez un métier, vous ne
vivez pas de çà ? »
Non, nous ne vivions pas de « çà » mais nous ne vivions
que par et pour « çà ».
Les costumes d’or des baladins ne sont visibles que pour les yeux des
spectateurs émerveillés. Mais ils sont dans le cœur des saltimbanques.
Dominique
Durozier.
Pour illustrer le beau texte de Dominique,
je me suis permis de rajouter une photo de ses grands-parents sur scène,
et son projet de salle itinérante:
LA PETITE BARAQUE.
Puisse-t-elle trouver son souffle.
c'est vraiment un beau texte, très touchant en outre, le théâtre à l'état pur.... et ce qui est formidable, c'est que la famille Durozier perpétue cette passion.
RépondreSupprimerencore une fois, dommage que je sois si loin,et si occupée, mais je vois une lueur à l'horizon, je t'en parlerai perso
mes mille bises, claudia