dimanche 1 avril 2012

DARIO FO : en attendant rions, cela nous servira !


Né le 24 mars 1926, Dario Fo est un homme de théâtre à ce sens qu'il est à la fois comédien, metteur en scène et écrivain. Ce prix Nobel de littérature (1997) est d'ailleurs l'un des auteurs italiens les plus joués dans le monde (peut-être même le plus joué!).
Dario Fo est un militant d'extrême gauche, ce qui influence sa manière d'aborder l'art théâtral. 
Ainsi,il n'a cessé de prendre parti pour des luttes comme le divorce, l'avortement et de fustiger le pouvoir (l'Anomalo Bicefalo traite de Berlusconi) et se trouve au centre de nombreuses polémiques, procès et autres censures.
On peut parler de lui comme maître d'une école.
 Il a en effet été enseignant de théâtre mais à aussi donné de nombreuses conférences. Le tout est devenu un livre intitulé Manuale minimo dell'attore  (qui a étrangement été traduit par" le gai savoir de l'acteur").
Ce manuel ne propose pas des exercices, il est une sorte de manifeste pour le théâtre de corps, l'importance du geste, le port du masque et le contact avec le public. 
Dario Fo, à la fois auteur, metteur en scène et acteur, a pris plaisir à retrouver la tradition de la COMMEDIA DEL ARTE et à la remettre au goût du jour.


  Samedi dernier à Mazerolles, une troupe de comédiens amateurs est venue jouer  FAUT PAS PAYER !
et la salle , de 7 à ....77 ans s'est écroulée de rire. La pièce a été créée il y a 45ans mais n'a pas pris une ride ! mieux (ou pire...) elle est toujours d'actualité .



Dario Fo y évoque de façon particulièrement drôle la crise sociale sans précédent que connut l'Italie au début des années 70. Le français moyen du début du troisième millénaire y retrouve son quotidien comme dans un miroir: le prix de son loyer qui ne cesse d'augmenter, l'usine voisine qui délocalise, le prix prohibitif des denrées alimentaires..


Les prix ne cessent de grimper, une centaine de femmes d’une banlieue ouvrière ont envahi un supermarché, raflé des produits alimentaires sans passer par la caisse. Très vite, la police les poursuit jusque dans les escaliers des grands ensembles.


 Pour échapper à la perquisition mais surtout pour éviter d’avouer la vérité à son mari Giovanni, Antonia cache son butin sous le lit. Elle dissimule aussi un énorme sac de provisions sous le manteau de Margherita, sa jeune voisine. Giovanni puis les policiers croient aussitôt à une grossesse avec risque d’accouchement prématuré !




...et lisez ces extraits de la discussion entre Toni Jop et Dario Fo:
 "Pour moi, la seule forme de résistance est la désobéissance civile..."




 Bien sûr, je suis déjà allé en prison, seulement
parce que je n’acceptais pas les règles. Un truc sérieux, il y avait un préfet au milieu. Mais on m’a donné raison et ceux qui m’avaient arrêté ont même été condamnés, cette arrestation était anticonstitutionnelle. »
« Bravo, dit Toni Jop, tu sembles serein à l’idée de finir en prison. »
« Qu’est-ce que tu veux, à mon âge, un peu de prison de temps en temps, ça fait du bien. Ça ferait même du bien à beaucoup de gens qui, par contre, n’y vont jamais. Je crois que si quelqu’un y va, ce sera encore moi. Pas pour faire la victime mais, dans l’immédiat, je ne vois pas beaucoup de courageux capables de le faire »
« Amertume, sarcasme? » (T. J.)
Mais non. Tu sais, il ne faut pas se laisser aller à la merveilleuse vision du peuple qui se jette en avant. Et parmi les politiques, on peut aussi dire que le courage n’est pas, actuellement, la qualité la plus en vue. »
« J’ai compris, c’est de la sagesse » (T.J)
« Exact. On dira : ils lui ont donné le prix Nobel, qu’est-ce qu’il veut encore, maintenant ? La prison ? En plus ? Tu veux que je te dise, dans un pays comme le nôtre, aller en prison est un honneur. Quand on pense que qui devrait y être est au pouvoir.  (…) Pour un peu ,ça me ferait rire d’ailleurs, je ris. (…) mais pour rire sans hystérie il faut une force morale inhabituelle »
(…) « Tu sais ce que c’est l’horizon ? 
Voila, tu ne dois pas avoir peur, la route est toujours là, il suffit de savoir la voir. En ce moment nous sommes dans l’obscurité, je te l’accorde, nous sommes ou nous devrions être assommés, parce c’est ainsi qu’ils nous veulent. Et c’est vrai que nous le sommes un peu. Il ne faut pas perdre sa boussole et sa lucidité.
 Souvenons-nous que tout dépend de nous, toujours de nous. 
En attendant, rions, cela nous servira »....10 juin 2010.
Merci à la dynamique et sympathique troupe de SARPOURENX.

extrait :   ANTONIA : Qu'est-ce qui s'est passé à l’usine?
GIOVANNI : L’entreprise a décidé de déloger quatre chaînes de montage en Roumanie ! 
Et nous , on doit choisir : être licencié ou partir en Roumanie …un vrai pendule…
nous on va là et eux ils viennent ici, eux ils viennent ici et nous on va là. 
Ils appellent ça la mobilité du travail ! 
Avec la délocalisation qui s’annonce, j’ai dit qu’il valait mieux rester tranquilles … 
Non, madame : à la cantine, il y cinq excités qui ont commencé à rouspéter sur la nourriture : 
« c’est dégueulasse ! de la vraie cochonnerie ! de la nourriture pourrie !
ANTONIA : Et c'était pas vrai ?
GIOVANNI : Si, si... c'était vraiment dégueulasse ... mais ce n'est pas une raison pour se mettre tous à faire tant de raffut !
ANTONIA : Ben tous … Tu m'as dit qu’ils étaient cinq !
GIOVANNI : Au début mais après ils s'y sont tous mis . Ils ont mangé et ils sont sortis sans payer.
ANTONIA : Eux aussi ?

2 commentaires:

  1. hello les amis!
    je suis peu satisfaite de ce fond blanc qui s'est installé là comme par miracle ! un fâcheux miracle...Il y a des jours où cette machine m'énerve !
    bizzz

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  2. toujours au théâtre la miss !
    t'inquiète, malgré le fond blanc, j'ai appris plein de choses
    grosses bises affectueuses
    F;

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