à PAU ... l'atelier Ambulant fait sourire nos rues
QUAND L’ART HABILLE LES MAGASINS VIDES
Elle descend de la place royale jusqu’au Palais de Justice. Parallèle à l’autre rue commerçante de la ville, la rue des Cordeliers s’est fait refaire une beauté à la fin de l’automne. Mais ce ne sont pas seulement les pavés qui ont changé. Des centaines de dessins et autres collages ont été soigneusement apposés sur des vitrines de magasins vides, donnant ainsi un tout autre aspect à ces nombreux locaux où la poussière s’accumule.
- Un collage encore quasiment intact en haut de la rue des Cordeliers
« La rue devrait être en pleine forme! »
L’initiative est née d’une collaboration entre L’Atelier Ambulant et l’Office du Commerce et de l’Artisanat de Pau (OFCAP).L’Atelier Ambulant c’est un trio d’artistes. Maryka Gysbers (MOG), Mathieu Delcroix (Codel) et Fabrice Aubert (M612), trois trentenaires qui ont ouvert leur propre galerie afin d’exposer leurs oeuvres et créer des projets communs. L’idée du collage, quand à elle, est née autour d’un café. « On était vraiment dépité de voir toutes ces boutiques fermées… » raconte Maryka, dont la longue tresse blonde descend jusqu’au nombril. « C’est hallucinant quand même, la rue devrait être en pleine forme! »C’est à ce moment là que le collectif, installé dans la galerie Joffre en haut de la rue des Cordeliers, a été contacté par l’OFCAP.
L’association paloise, qui oeuvre à la dynamisation du centre ville et de ses commerces, voulait faire appel à eux pour l’inauguration de la rue prévue fin novembre.Pendant que le trio lançait un appel auprès d’autres artistes pour qu’ils leur envoient des dessins, l’OFCAP s’est occupé du côté pratique du projet. « Nous avions déjà fait de l’habillage de vitrines vacantes dans le centre-ville », explique Isabelle Lalanne, manager centre-ville de l’association paloise. « On avait donc de l’expérience dans le domaine et surtout des contacts avec les propriétaires des magasins concernés. »La mairie de Pau a par ailleurs soutenu le projet. Elle leur a laissé une liberté totale concernant les dessins, et a pris les responsabilités d’éventuelles plaintes ou problèmes juridiques.Ensuite, il a fallu passer aux choses sérieuses!
1 jour, 10 vitrines, 250 dessins
Après une collecte de dessins réalisée en à peine dix jours, l’opération collage pouvait débuter. Joints par l’atelier, des collectifs d’artistes de partout dans le monde et certains anonymes ont donc envoyé leurs dessins.« Ca a été un peu compliqué au niveau de l’impression en fait », raconte Maryka. « L’OFCAP a pris en charge certaines impressions, et nos amis nous ont aussi aidé surtout que la plupart des dessins nécessitaient aussi un traitement numérique avant l’impression. »Et c’est ensuite au moment du collage qu’ils sont heurtés à quelques réticences.Alors qu’ils posaient de la colle sur les dessins, une habitante d’un des immeubles de la rue s’est mise à leur jeter des seaux d’eau. « Ca a été assez épique! » raconte Maryka, un sourire au lèvre. « Une des artistes qui était sur le point de coller son dessin était en larmes. Des gens se sont attroupés et énervés contre l’habitante. Une commerçante nous a même apporté des parapluies! »
Le projet n’a effectivement pas tout à fait l’unanimité. « C’est crade! » lâche une vendeuse de prêt-à-porter de la rue. « C’était sympa au départ mais là ça se dégrade… Je pense que ça va être enlever. »Réactions qu’Isabelle Lalanne relativise. « Nous avons noté plus de réactions positives que négatives. La plupart des magasins étaient d’accord! » Elle explique également que du fait de la nature éphémère du projet, rien n’est désormais prévu pour retirer ou restaurer les oeuvres du collectif. « Les conditions météorologiques du mois de décembre ont déjà été très favorables », explique-t-elle. « Ca apporte une touche de créativité à la rue. Après on aime ou on n’aime pas! »Un autre commerçant de la rue rejoint cet avis. Jean-Pierre André, vendeur de maroquinerie, semble très satisfait de l’initiative. « C’était très bien oui! On a fait un bon mois de décembre ça a créé une certaine ambiance dans le rue », raconte-t-il. « Les gens visualisaient moins les magasins vides! C’est dommage que certains aient été arrachés, vraiment… »
Aujourd’hui, presque deux mois après le collage, bien que certains collages aient été déchirés, de nombreux dessins tapissent encore quelques vitrines. Pour l’Atelier Ambulant, l’heure est au changement d’adresse. Les trois artistes devraient mettre la main sur un nouveau local, où sans doute, d’autres projets naitrons. Et, espérons-le, donneront un air de galerie à d’autres rues.
ps : l'une de ces trois artistes est Marika, la maman de mes petits-enfants ...
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