jeudi 22 novembre 2012

Colette Magny - Rock et AVIGNON



Une pensée pour Colette, rencontrée en 1964 sur le FESTIVAL d'AVIGNON.
Nous logions côte à côte, avec son guitariste qui ne la quittait pas, dans le même lycée,
 dans le cadre des Rencontres Internationales.
Un dortoir improvisé l'été où se côtoyaient artistes et animateurs C.E.M.E.A. dont je faisais partie.
 (CEMEA = Centre d'Entraînement aux Méthodes d'Education Active.)

Cet été là j'avais 20 ans,   là-bas on me baptisa " Papillon ",
Pierre Vaneck jouait HAMLET, dans la cour du Palais des Papes,
Laurent Terzieff interprétait NICOMEDE,
George Done dansait le Bolero de Ravel chorégraphié par Maurice Béjart,
Christiane Minazzoli était HELENE de La guerre de Troie n'aura pas lieu,
Lady Macbeth faisait résonner sa haine dans chaque pierre de la vaste cour,
c'était la voix grave de Maria Casares... l'ombre de Camus planait encore,
et Jean VILAR fit ses adieux sous la pluie dans l'AVARE.
Il tombait des trombes d'eau, Harpagon dérapait sur la scène en bois et glissante du Palais ,
 il essorait ostensiblement sa collerette en dentelle déclenchant les hurlements du public, sortait un mouchoir détrempé dont il s'essuyait le visage..
Dans la vaste cour à ciel ouvert, aucun spectateur ne sortit un parapluie.
On savait que quelque chose se passait, d'exceptionnel, et ... que nous y étions !
Vilar n'est plus remonté sur scène.

Treize rappels
une éternité
le sentiment que rien de tout celà ne pouvait s'arrêter.
Pourtant l'homme que j'admirais le plus ( et c'est toujours valable ) nous faisait ses adieux.
Sur ses joues, nul ne sut démêler les larmes de la pluie.
Pudique, il essuya ses yeux et dit : " Il pleut beaucoup ce soir ".

Et ce retour tard dans la nuit
au travers de ces rues étroites,
sur ces pavés mouillés, 
essayant d'éviter les flaques d'eau
comme une somnambule
vers ce dortoir
vers ces amis.
Ma fusion avec le théâtre.
Un maître qui disait adieu...
Une nouvelle vie qui commençait.
A la rentrée j'ai quitté la fac de Sciences pour celle de Lettres.

PS : pour les puristes, je crois que les adieux de Vilar au Festival , c'était en 1965, ou 1966 ?
peu importe.
J'ai vécu là quelques-uns des plus beaux étés de ma vie
et en ai gardé les valeurs.

 


 
La cour d'Honneur du Palais,
juste avant que retentissent
les Trompettes de Jéricho.
 
 
Maria Casares et jean Vilar dans Lady Macbeth
 
 
Vilar, un après-midi sous le soleil de la cour
dirigeant une répétition
 
 
Et les rencontres avec les acteurs , décorateurs, danseurs, régisseurs ....
tous gens de théâtre.
Ici Jean Vilar
dans la cour de notre lycée.
C'était chaque matin, à 10H.,
mon boulot était de trouver des artistes acceptant de venir
rencontrer la jeunnesse de plus de 25 nationalités,
bénévolement.
 
 
 




7 commentaires:

  1. De magnifiques souvenirs... et tu avais vingt ans, Papillon!

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  2. arrête ! tu vas me faire pleurer !
    j'ai qq souvenirs imperrissables : tes élèves jouant EXERCICES de STYLE ... et aussi Le Dîner de Cons !
    au lycée, tu nous manques
    bises
    Franck

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  3. Splendide Colette Magny et magnifique Jean Vilar.

    Merci (qui ?, Dany ?, Sylvette ?, Papillon ? ou more and more ?)

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  4. Et Jack Lang était déjà là! N'est-ce-pas?
    Claude.

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  5. enfin un peu de temps à moi pour découvrir tes messages depuis au moins une semaine?
    et le papillon a deux ailes comme danielle !
    envole-nous donc!
    bises
    ces souvenirs sont touchants
    claudia

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  6. Quelle voix cette Colette et engagée avec ça, c'est ce qui a nuirt à sa carrière...

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