Même s'il n'utilise pas le mot « laïcité » en tant que tel ( ce mot n'existe pas à son époque ) Voltaire est, dans ses écrits mais aussi dans ses démarches, un philosophe qui veut rétablir une justice impartiale dénuée d'intérêts communautaires. Il est un des instigateurs d'un civisme libéré de toutes les attitudes religieuses et opinions métaphysiques ,civisme qui allait alors de pair avec son combat pour la liberté d'expression.
À l'époque de Voltaire, en France, critiquer la religion, spécialement le christianisme, restait encore un exercice risqué, car la séparation entre l'Eglise et de l'Etat n'existait pas .. et l'Église Catholique demeurait très puissante... trop . ( n'oublions pas l'affaire Callas.... pas unique en son genre, hélas ).
Ainsi, face à l'idéalisme aveugle et fanatique, de quelque bord religieux qu'il soit, Voltaire oppose la figure de l'homme laïc, nommé « Citoyen », vu comme l'ami de tous et du bien public, policé et ne manquant jamais d'humour pour faire valoir le droit commun à s'entre-tolérer au sein d'un État qui défend la culture philosophique et poétique .
Et exit la promotion de telle ou telle profession de foi :
« Je suis citoyen et par conséquent l'ami de tous ces messieurs [de différentes confessions]. Je ne discuterai ( le texte dit " disputer" , ce qui prête à confusion, le mot ayant changé de sens ) mais avec aucun d'eux ; je souhaite seulement qu'ils soient tous unis dans le dessein de s'aider mutuellement, de s'aimer et de se rendre heureux les uns les autres, autant que des hommes d'opinions si diverses peuvent s'aimer, et autant qu'ils peuvent contribuer à leur bonheur ; ce qui est aussi difficile que nécessaire. Pour cet effet, je leur conseille d'abord de jeter dans le feu (...) la Gazette ecclésiastique, et tous autres libelles qui ne sont que l'aliment de la guerre civile des sots. Ensuite chacun de nos frères, soit théiste, soit turc, soit païen, soit chrétien grec, ou chrétien latin, ou anglican, ou scandinave, soit juif, soit athée, lira attentivement quelques pages des Offices de Cicéron, ou de Montaigne, et quelques fables de La Fontaine. Cette lecture dispose insensiblement les hommes à la concorde (...). On ne vendra ni circoncision, ni baptême, ni sépulture, ni la permission de courir dans le kaaba autour de la pierre noire, ni l'agrément de s'endurcir les genoux devant la Notre-Dame de Lorette, qui est plus noire encore. Dans toutes les disputes qui surviendront, il est interdit de se traiter de chien, quelque colère qu'on soit ; à moins qu'on ne traite d'hommes les chiens, quand ils nous emporteront notre dîner et qu'ils nous morderont, etc., etc., etc. »
=de— Voltaire:" Il faut prendre un parti, XXV Discours d'un Citoyen."
Voltaire est par conséquent convaincu que les hommes (non parce que formant un groupe homogène, mais parce que liés entre eux par le civisme) peuvent s'allier un minimum pour œuvrer ensemble à la constitution d'une société équilibrée et équitable, même s'ils sont différents, de tous les bords culturels ; Voltaire conçoit donc une morale « civique » ou éthique « citoyenne », universelle et respectant la Liberté, les religions étant exclues de la sphère, comme moteurs de violences.
... chers amis, si vous êtes , rares je le sais, de ceux qui me lisez ( ça c'est encore une autre histoire... ) lisez aussi " Le souper ", toujours de Voltaire, extrait de Zadig, si ma mémoire est bonne .
BISES à tous .
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