samedi 21 mars 2020

Réflexion sur le CORONAVIRUS.

Je vous publie le texte d'un ami palois , Cliff Paillé, instituteur en disponibilité pour cause d'amour du théâtre. .
Il est devenu l'un de nos dramaturges les plus en vue dont une des pièces a été récompensée l'an dernier par pas moins de 4 Petits Molières - pièces pour jeune public. Il a animé pendant des années la troupe Vice-Versa de Billère et je me souviens que le Jury du Festival Amateur de Lescar lui avait décerné le Prix Coup de Cœur . C'est un garçon qui ennoblit les planches, un pur, un vrai .




Voici son texte :
   "Je crois que ce virus ridiculise à propos les humains que nous sommes devenus, ceux que nous nous sommes laissés devenir.
A aucun moment je ne vais minimiser la gravité, la violence de la situation, la détresse des malades, celle des soignants don t certains vont donner leur vie, forcément, le savent, et agissent néanmoins. A aucun moment je ne veux assimiler ce virus qui succède à tant d'autres fléaux exterminateurs dans l'Histoire des Hommes. Et je crois même que les progrès des sciences et ceux de la communication vont éviter aujourd'hui un désastre se dénombrant en millions de vies humaines, comme c'est déjà arrivé.
MAIS QUAND MÊME
    Ce virus nous ridiculise au sens propre, oui, je le crois.
Il ridiculise nos frontières, ces lignes ridicules auxquelles nous attachons tant, jusqu'à compter les médailles avec acharnement. Lignes dont il se fout.
   Il ridiculise aussi nos différences, d'origine, de peau, de coutume ou de religion. Bizarrement il ne fait aucune différence.
   Il ridiculise notre impossibilité conjoncturelle à réduire le nombre d'avions, à stopper ces putains de paquebots et bien des saloperies qui, on le sait aujourd'hui, détruisent notre seul lieu possible de vie, d'émotion, de bonheur, fussent chacun de ces concepts vains et éphémères. Que faisons nous de cette planète sans lignes, sans démarcation, où nous cohabitons bien qu'on semble l'avoir oublié ? Qu'en ferons nous après ça ?
   Il ridiculise ceux qui repoussent toujours l'avènement de la transition écologique, cette incontournable nouvelle industrie, plus locale, à nouveau locale, que la quête du gain immédiat repousse avec une frénésie suicidaire. Des centaines de milliers de faillites dans le monde. On fait quoi à la place ?
   Il me ridiculise moi qui depuis des années m'exhorte à ralentir, à stopper la frénésie du quotidien. Et m'en privais toujours, repoussant sous de fallacieux prétextes fort communs ce bonheur simple, cette nécessité négligée.
   Il nous ridiculise car il rappelle, et ne va le faire que davantage dans les jours et les semaines qui viennent, à ceux qui n'auraient pas encore bien compris, il rappelle ce que le monde capitaliste a oublié, il rappelle que nous ne sommes pas éternels. Et même que nous sommes très éphémères, très fragiles, très inutiles en tant qu'individus pris dans la globalité.
   Il nous invite à cesser de remplir, d'accumuler, d'envelopper nos peurs dans la quantité, les chiffres ou la haine, pour respirer à nouveau.
   Respirer, oui, et vivre de l'air miraculeux de cette incongruité qu'est la vie sur Terre. Respirer, voilà ce que nous encourage à faire ce virus qui tue par l'asphyxie.
On se fout bien de mes humeurs du jour, et c'est bien la première fois que je les publie, pas pour longtemps sans doute. On se fout de ce que chacun de nous pense, mais j'ose espérer qu'on saura reprendre la main, et stopper le ridicule."

Plus quelques photos que j'avais prises de sa dernière pièce " Madame VAN GOGH " 







2 commentaires: