mardi 16 décembre 2014

Un tramway nommé Désir

" Je ne vous connais pas, mais j'ai toujours eu confiance dans les inconnus" dit Blanche les yeux hagards et qui accepte le bras de l'homme qui la conduit à l'asile de fous.
et puis aussi : "-Epousez-moi!
-Non non!vous n'êtes pas assez propre pour que je vous présente à maman."


Et ce cri terrible qui résonne dans la nuit : " Estella! Estella!" et qui se poursuit sur le générique, éternellement aussi peut-être dans nos cœurs paralysés d'effroi par l'alternance obsédante des névroses et des réalités sordides filmées en noir et blanc dans des clair-obscur autant fascinants qu'inquiétants.   
Il s'agit bien du film UN TRAMWAY NOMME DESIR projeté hier soir sur
ARTE. 


On est resté figés sur nos canapés à boire ce huis clos intense, à suivre ces personnages extrêmes qui vous prennent aux tripes et ne vous lâchent pas, à souffrir presque de cette atmosphère étouffante et pourtant fascinante et ... si juste!
 
  

12 nominations aux OSCARS pour ce film d'Elia KAZAN adapté d'une pièce de l'immense Tennessee Williams et sorti en 1951. .. 4 OSCARS, 4 acteurs en état de grâce dont une Vivian Leigh  plus que touchante si on connait sa vie, sa vraie vie.  Un Marlon Brando bestial et puant le sexe à souhait, beau aussi...
La petite histoire raconte que 12 coupures ont été nécessaires pour éviter une condamnation de la Ligue Pour La Vertu , sans que le réalisateur en ait été averti. Les morceaux coupés furent retrouvés et réintégrés au film ressorti dans son intégralité en 1993.
 





Quelle qu'en soit la version, avec ce film fondateur, les pulsions sexuelles, la folie entraient enfin dans l'univers cinématographique hollywoodien!
Je croyais que la version qu'on a vue  sur ARTE était la version édulcorée, un ami m'a dit que non, que c'était bien la version intégrale. Et pourtant, quelle pudeur en filmant les moments les plus terribles comme cette scène , qu'on devine torride , entre Stanley et Blanche.... devine ? oui... un fondu noir vient voiler l'essentiel et pourtant le spectateur SAIT
.



Belle leçon de cinéma, de littérature aussi où on comprend que tout n'a pas besoin d'être montré ni dit .  Combien est terrible et sombre  l'univers des pièces de Tennesse Williams ! ...à lire et relire bien sûr.
 Et comme j'aurais vraiment aimé voir cette pièce sur une scène de théâtre!

Car c'était déjà Brando qui l'avait créée sur scène en 1948.
Chez nous, elle fut jouée dès 1949 au théâtre de l'Œuvre dans une mise en scène de Raymond Rouleau... et plus près de nous , c'est Samuel Le Bihan qui en 1999 s'attaqua au rôle de Stanley 
 
 
puis Isabelle Hupper à celui de Blanche en 2010.

 Enfin, la "de moins en moins frileuse" Comédie Française reprit la pièce en2010. A noter pour terminer qu'il n' y a pas un seul jour dans le monde où cette pièce ne soit jouée. Partout, quand le rideau se baisse, les spectateurs en oublient un moment d'applaudir, percutés au creux de l'estomac par ces personnages qui , malgré la fureur exprimée ou peut-être grâce à elle, parlent aussi beaucoup de chacun d'entre nous. Catharsis ?...certainement.

1 commentaire:

  1. oh lala ! j'ai aussi vu ce film que je ne connaissais pas et cet après-midi j'ai regardé sur arte un doc sur marlon Brando ... quel monument et quel caractère ! j'ai retenu qu'il militait pour les noirs puis pour les indiens .... et, qu'il avait une sacrée " gueule " ! un artiste à part vraiment et qui aimait les femmes ! beaucoup !
    bises et belle soirée à toi, claudia

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