J'avais 12 ans, c'était un 11 novembre et papa m'a donné un livre ... " tiens tu comprendras mieux", une couverture noire avec des croix sinistres, c'était " LES CROIX de BOIS " de Roland Dorgelès.
Et j'ai en effet tout compris , compris que ce jeune étudiant en droit coincé dans les tranchées , la boue, la peur, la faim , les morts... avait découvert l'amitié et l'entraide mais surtout la bêtise et l'horreur de ces guerres. J'avais compris qu'il puisse en perdre tous ses idéaux. Je me souviens encore de ces pages que j'ai lues et relues, abasourdie...
Oui, j'avais beaucoup souffert en lisant ce bouquin, totalement sidérée par cette boue, ces nuits, ce froid , percutée par ces horreurs dont je comprenais soudain , à en pleurer, que l'humain ( peut-on encore utiliser ce mot ? ) en était capable. Mais admirative aussi de ces jeunes-gens qui avaient tant souffert, tant donné. Depuis cette lecture, j'ai détesté les guerres ( je sais, c'est naïf ) , à 12 ans, je ne comprenais pas pourquoi les hommes ne se mobilisaient pas pour les éviter .
Et j'ai en effet tout compris , compris que ce jeune étudiant en droit coincé dans les tranchées , la boue, la peur, la faim , les morts... avait découvert l'amitié et l'entraide mais surtout la bêtise et l'horreur de ces guerres. J'avais compris qu'il puisse en perdre tous ses idéaux. Je me souviens encore de ces pages que j'ai lues et relues, abasourdie...
Oui, j'avais beaucoup souffert en lisant ce bouquin, totalement sidérée par cette boue, ces nuits, ce froid , percutée par ces horreurs dont je comprenais soudain , à en pleurer, que l'humain ( peut-on encore utiliser ce mot ? ) en était capable. Mais admirative aussi de ces jeunes-gens qui avaient tant souffert, tant donné. Depuis cette lecture, j'ai détesté les guerres ( je sais, c'est naïf ) , à 12 ans, je ne comprenais pas pourquoi les hommes ne se mobilisaient pas pour les éviter .
Extrait:
" Epuisés, haletants, nous ne courions plus. Une route coupait les ruines et une mitrailleuse invisible la criblait, soulevant un petit nuage à ras de terre. "Tous dans le boyau !" cria un adjudant.
Sans regarder, on y sauta. En touchant du pied ce fond mou, un dégoût surhumain me rejeta en arrière, épouvanté. C'était un entassement infâme, une exhumation monstrueuse de Bavarois cireux sur d'autres déjà noirs, dont les bouches tordues exhalaient une haleine pourrie ; tout en amas de chais déchiquetées, avec des cadavres qu'on eût dit dévissés, les pieds et les genoux complètement retournés, et, pour les veiller tous, un seul mort resté debout, adossé à la paroi, étayé par un monstre sans tête. Le premier de notre file n'osait pas avancer sur ce charnier : on éprouvait comme une crainte religieuse à marcher sur ces cadavres, à écraser du pied ces figures d'hommes. Pourtant, chassés par la mitrailleuse, les derniers sautaient quand même, et la fosse commune parut déborder.
- Avancez, nom de Dieu !...
On hésitait encore à fouler ce dallage qui s'enfonçait, puis, poussés par les autres, on avança, sans regarder, pataugeant dans la Mort... "
Il existe aussi un film éponyme de Raymond Bernard , avec dans les rôles de ces poilus Pierre Blanchard et Charles Vanel encore jeunes. Il est resorti , restauré, en 2014 , et mériterait qu'on ne l'oublie pas , peut-être déjà dans nos écoles .
" Epuisés, haletants, nous ne courions plus. Une route coupait les ruines et une mitrailleuse invisible la criblait, soulevant un petit nuage à ras de terre. "Tous dans le boyau !" cria un adjudant.
Sans regarder, on y sauta. En touchant du pied ce fond mou, un dégoût surhumain me rejeta en arrière, épouvanté. C'était un entassement infâme, une exhumation monstrueuse de Bavarois cireux sur d'autres déjà noirs, dont les bouches tordues exhalaient une haleine pourrie ; tout en amas de chais déchiquetées, avec des cadavres qu'on eût dit dévissés, les pieds et les genoux complètement retournés, et, pour les veiller tous, un seul mort resté debout, adossé à la paroi, étayé par un monstre sans tête. Le premier de notre file n'osait pas avancer sur ce charnier : on éprouvait comme une crainte religieuse à marcher sur ces cadavres, à écraser du pied ces figures d'hommes. Pourtant, chassés par la mitrailleuse, les derniers sautaient quand même, et la fosse commune parut déborder.
- Avancez, nom de Dieu !...
On hésitait encore à fouler ce dallage qui s'enfonçait, puis, poussés par les autres, on avança, sans regarder, pataugeant dans la Mort... "
Il existe aussi un film éponyme de Raymond Bernard , avec dans les rôles de ces poilus Pierre Blanchard et Charles Vanel encore jeunes. Il est resorti , restauré, en 2014 , et mériterait qu'on ne l'oublie pas , peut-être déjà dans nos écoles .
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