Comme cette Fleur de Cactus indigeste, racoleuse, inepte, avec son lot d'acteurs-hurleurs ... j'en passe et des pires sinon on va encore me dire que j'ai l'humour "caustique"... m'a replongée dans ces étés magiques de ma jeunesse où je participais au Festival IN d'Avignon ( j'y tiens au IN) .
D'abord à mes 18 ans où après mon bac scientifique j'ai obtenu une bourse pour le festival d'Avignon dans le cadre des Rencontres Internationales puis 4 années à bosser sur le festival ( relations artistes/public ) .
Ah !
le mistral capricieux jouant dans la robe légère d'Hélène ( Christiane Minazzoli ), Nicomède à genoux ( Laurent terzieff ) recevant le pardon du roi, Hector ( Pierre Vaneck dont je fus immédiatement amoureuse) interpellant les morts-pour-rien de ces guerres qu'il condamnait " les vivants ont la vraie cocarde, ce sont leurs yeux " , l'Avare ( Jean Vilar) dérapant sur l'immense scène inondée par un orage terrible lors de ses adieux au TNP, Lady Macbeth ( Maria Casarès) hagarde et sanglante, le spectre ( Georges Wilson ) réfugié tout en haut des murs de la Cour d'Honneur pour terrifier Hamlet ... et la voix chaude et vibrante de Rodrigue( Gérard Philippe ) à jamais gravée dans ces murs !
Ah ! ... ces moments d'attente avant les représentations, ces files fébriles en bas des marches qui nous conduiraient sous le porche ouvrant sur la majestueuse Cour d'Honneur frémissant déjà du murmure presque religieux des premiers entrés, et soudain les Trompettes de Lorenzaccio , musique de Maurice de Jarre, qui nous disaient : ça y est ça va commencer... alors , le silence, l'attente des mots qui nous rempliraient de ce bonheur inégalable, ce bonheur d'assister à quelque chose de beau et d'unique .
" Les Troyennes ", " Thomas Moore", " Le Cid", " le Prince de Hombourg, " L' Illusion Comique ", " Le Soulier de Satin", " la Guerre de Troie n'aura pas lieu ", " Richard Trois", " Georges Dandin", " les Joyeuses Commères de Winsor ", " Lorenzaccio ", " Hamlet ", " lady Macbeth", " la Mort de Danton " , " l'Avare ", mais aussi les ballets de Maurice Béjart " Messe pour le temps Présent " ou " le Bolero de Ravel" ...
.. et à la sortie, la traversée encore toute hallucinée des textes qui nous avaient transportés et que nous déclamions en hurlant à 1 heure du matin .
Hier soir, nous étions bien loin de tout celà , ce qui a eu au moins le mérite de réveiller en mois ces souvenirs qui m'ont changée à jamais puisqu'au retour de mon premier été au festival je changeais de fac et je décidais de désormais me consacrer à la Littérature , la Grande, car il y a bien de la bonne et de la mauvaise littérature. C'est elle qui a changé le cours de ma vie, c'est elle qui m'a nourrie, c'est elle qui est encore vibrante en moi à ma retraite, elle fait partie de ma chair, de mon sang.
Jean VILAR ( sur lequel j'ai fait ensuite mon dipôme de recherche ( TER ) reste mon maître absolu .
Heureusement, les deux pièces récompensées ensuite lors de la cérémonie, sont des pièces de qualité, des pièces qui ne descendent pas vers le public jugé peu capable d'aimer les grands textes :
* EDMOND
*Les DAMNES .
J'essaierai d'en reparler.