... chers amis, voici , si vous avez le courage de lire ce qui suit ( mais bien sûr que oui puisque vous défendez avec véhémence les vieilles graphies... donc que vous aimez notre langue) ... voici donc une petite histoire de l'orthographe suivie de cette fameuse réforme de 1990 qui soudain vous énerve tant :
... bises à tous et bonne lecture....
L’orthographe française est née officiellement en 1694, même si les graphies alors préconisées n’étaient pas tout à fait les mêmes que celles d’aujourd’hui. Cette orthographe ne s’est pas créée spontanément, mais découle de plusieurs dialectes de langue d’oïl et s’est constituée pour des raisons politiques, administratives et juridiques.
Au Moyen-Âge, des textes ont été transcrits par les scribes pour les faire connaître à un large public, à l’aide de l’alphabet latin, seule référence à l’époque, même s’il ne permettait pas de traduire tous les sons du français. Les écrits des scribes devaient restituer une prononciation. Or les prononciations pouvaient varier d’une région à l’autre, d’où des différences dans les transcriptions pour un même mot. ( ex: le pluriel de smots en -ou )
Aux XIIe et XIIIe siècles, jusque là vivante,l’orthographe se fige alors que la prononciation continue d’évoluer.
COURAGE ! .... CONTINUEZ, la REFORME vient en BAS !
Suite: du XIIIe au XVIe siècle, beaucoup de tentatives pour modifier l’orthographe virent le jour, sous l’influence des grammairiens et des poètes mais aussi des rédacteurs de lois, qui avaient le souci de faire que les lois et les jugements fussent clairement compris à travers tout le royaume. Mais ce furent les typographes qui, entre 1520 et 1530, plaidèrent pour établir une norme de l’orthographe, car le développement de l’imprimerie faisait apparaître la nécessité de règles de transcription claires (mots bien séparés, système de voyelles accentuées) ; l’imprimerie fut alors à l’origine d’une augmentation de l’alphabet par introduction de lettres permettant de distinguer des homographes (huile/ ville), et de lettres accentuées permettant de de distinguer des homophones (a/à ; ou/où), mais aussi de modifications de graphies justifiées par l’étymologie (qui permet elle aussi de distinguer des homophones (par exemple, vin/vingt [du latin viginti]).
Cette entreprise de rationalisation de l’orthographe, qui se heurtait à l’influence des lettrés voulant maintenir la tradition( déjà ! ) ne put que péniblement et partiellement s’imposer.
Au XVIIe siècle, le principe fut de ne pas changer les habitudes établies, pour « distinguer les gens de lettres des ignorants et des simples femmes » (Mézeray, académicien).
Les grands changements n’apparurent qu’à partir de 1740, quand les philosophes firent leur entrée à l’Académie. L’écriture d’un quart du vocabulaire fut alors modernisée ( ben oui ! ) par suppression des lettres muettes inutiles (autheur/ auteur, debvoir/devoir), remplacement du s interne par l’accent circonflexe (estre/être), remplacement du oi par ai (anglois/anglais, je finirois/je finirais) sous l’influence de Voltaire, même si ce n’est qu’en 1835 que l’Académie adopta officiellement cette dernière modification, ainsi que quelques autres (enfans/enfants, parens/parents).
Au XXe siècle, plusieurs arrêtés visant à la simplification de l’orthographe ne furent jamais appliqués (1901) ou restèrent sans grand effet (1935,1977). La dernière tentative de réforme, en date de 1990, n’a pratiquement jamais été diffusée.
ENFIN la VOICI !
La réforme de l’orthographe de 1990:
L’orthographe du français est ainsi restée globalement inchangée depuis des siècles. Or c’est l’une des plus difficiles à apprendre et à utiliser correctement. Les enfants qui l’apprennent doivent donc fournir beaucoup d’efforts, et bien davantage que leurs pairs allemands ou espagnols pour maîtriser l’orthographe de leur langue. La compétence orthographique est pourtant nécessaire à la vie en société et il est important de l’acquérir parfaitement. Donc, soit on consacre plus de temps à l’école à la maîtrise de l’orthographe, soit on la réforme pour qu’elle soit plus simple. C’est ce qui a été tenté à plusieurs reprises en France. La dernière réforme, touchant 2000 mots courant, date de 1990, mais elle a été peu diffusée. Elle proposait des rectifications tendant à supprimer des anomalies de l’orthographe française, des exceptions ou des irrégularités en introduisant 10 nouvelles règles orthographiques :
1. Les numéraux composés sont toujours reliés par des traits d’union: trente-et-un (au lieu de trente et un), vingt-et-unmille- six-cent-deux (au lieu de vingt et un mille six cent deux).
2. Dans les noms composés de la forme verbe + nom (par exemple : pèse-personne) ou préposition + nom (par exemple : sans-papier), le second élément prend la
marque du pluriel lorsque le mot est au pluriel : des pèse-personnes, des sans-papiers.
3. Emploi de l’accent grave (au lieu de l’accent aigu) dans un certain nombre de mots (évènement, règlementaire) ainsi qu’au futur et au conditionnel des verbes qui se conjuguent comme céder (je cèderai, ils règleraient)
4. L’accent circonflexe disparaît sur i et u, mais on le maintien dans les terminaisons verbales du passé simple, du subjonctif, et en cas d’homonymie : cout, entrainer, nous entrainons, paraitre, il parait.
5. Les verbes en -eler ou -eter se conjuguent comme peler ou acheter. Les dérivés en -ment suivent les verbes correspondants. Exceptions : appeler, jeter et leurs composés (j’amoncèle, amoncèlement, tu époussèteras).
6. Les mots empruntés forment leur pluriel comme les mots français et sont accentués conformément aux règles qui s’y appliquent (des sandwichs, des scénarios).
7. La soudure s’impose dans un certain nombre de mots, notamment : les mots composés avec contr(e)- et entr(e)- (contrappel, entretemps) ; les onomatopées (tictac) ; les mots d’origine étrangère (weekend) ; les mots composés avec des éléments « savants » (agroalimentaire)
8. Les mots en -olle et les verbes en -otter (et leurs dérivés) s’écrivent respectivement -ole et -oter (corole, frisoter, frisotis). Exceptions : colle, folle, molle et les mots de la même famille qu’un nom en -otte (comme botter, de botte).
10. Le participe passé de laisser suivi d’un infinitif est invariable (à l’image de faire). (Exemple : elle s’est laissé mourir). Cette invariabilité était déjà préconisée ou permise par certains grammairiens dont Émile Littré. Les graphies anciennes restent admises, et les correcteurs, lors des examens officiels comme le bac ou le brevet, acceptent les deux orthographes.
Depuis juin 2008, cette nouvelle orthographe est la référence officielle, notamment pour le programme à l’école primaire (Bulletin officiel de l’Éducation nationale hors-série no 3 du 19 juin 2008) et au collège (Bulletin officiel de l’Éducation nationale spécial no 6 du 28 août 2008). Mais actuellement, l’enseignement de l’orthographe réformée pose encore problème, car les livres d’enseignement sont encore rédigés pour la plupart avec l’orthographe traditionnelle et tous les enseignants n’adhèrent pas à cette
réforme.
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