lundi 16 janvier 2017

Cinéma: Manchester by the sea

MANCHESTER BY THE SEA
un vrai beau film, d'une grande intensité, un film bouleversant sur le deuil.



 Casey Affleck, le petit frère de ben Affleck y est particulièrement fascinant dans le rôle splendide de Lee, un homme qui à la trentaine voyage déjà dans un passé effroyable qu'il se remémore à chaque instant. J'ai été bouleversée à chaque plan de ce visage mal rasé, de ces yeux bleux, de ces silences gênés. Car Lee est un homme encore jeune, bagarreur, mais détruit, plombé à jamais par un drame que le spectateur découvre au fur et à mesure, dans des flash-back multiples démontrant que le passé est omniprésent en Lee.



 Lee, un taiseux aussi tant les mots n'arrivent pas à sortir. En fait, il ne veut plus parler, à quoi bon ? il ne veut que se taire tant les choses de la vie désormais lui paraissent sans intérêt.
Seuls le suivent trois cadres dont jamais le spectateurs
ne verra les photos ... mais les devinera , ses trois petits disparus dans un incendie tragique dont il se pense responsable. Et puis il n'est pas de ceux qui ont appris à mettre des mots sur la vie, alors la mort encore moins. Il est gardien d'immeuble , éloigné de cette " parole " qui peut être un baume social.
Il ne dit rien, simplement rien, il n'a plus rien à dire, il ne peut plus rien dire. La scène où son neveu le met en présence de la mère de sa copine est révélatrice de ce refus de la parole, il ne dit rien, ne sait pas où regarder, le silence pesant s'installe, la jeune-femme n'en peut plus, toute tentative de dialogue même banal est un avortement.
Lee est muré, muet, dans sa souffrance. Ce que j'ai aimé, c'est que le spectateur ne peut comprendre ceci qu'au fur et à mesure, graduellement , commençant à ne pas comprendre grand-chose au comportement de cet homme jeune, fort et beau qui minéralisé par le chagrin n'a plus ni désir, ni plaisir.







 L'adolescent , son neveu, dont le père disparaît brutalement , un garçon de 16 ans joué par un étonnant Lucas Hedges , a un comportement qui peut aussi étonner. Ses réactions à la mort de son père , je les ai trouvées au contraire tout à fait normales, conformes à ce que je connais de la vie , à ce que j'ai vécu.

La scène du freezer où le gamin jusque là impassible pique une crise en voulant ranger la viande surgelée est la scène qui m'a le plus touchée : " Je ne peux pas supporter qu'on le congèle " hurle-t-il en pleurant, la seule fois où il pleure et parle enfin de son père.
C'est en cela que ce film est fort, il est vrai !




 Le réalisateur Kenneth Lonergan a choisi l'hiver, un hiver glacial .
Le froid renvoie ainsi constamment au froid des sentiments.
La musique, magique et élégante, apporte un peu de cette douceur qui pourrait nous calmer.




 Seuls moments paisibles, la mer, le bateau, les parties de pêche., mais ça c'était avant .. et puis à la fin, juste l'amorce d'un sourire de Lee disant à son neveu dont il a refusé de devenir le tuteur:
- Je cherche un appartement à deux chambres ou avec un coin pour rajouter un canapé.
- Pour quoi faire?
là un silence, encore ..
- Pour le cas où parfois tu viendrais me voir."


 FIN ... il y aura d'autres levers de soleil, d'autres aubes plus douces, pour Lee aussi ,c'est ce que j'ai ressenti.




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