samedi 29 novembre 2014

La visite du Musée du LOUVRE dans " L'Assommoir" de ZOLA

Emile Zola. L'Assommoir, 1877.
[Après un mariage à la hâte, Gervaise Macquart, son nouveau mari Coupeau et tous les amis et parents invités à leurs noces voient leurs projets de promenade à la campagne se dissiper dans les torrents d'un gros orage. A la place, le cortège décide d'aller visiter le Musée du Louvre.]

chers amis, COURAGE, lisez ! : 



"On s'était engagé dans la rue de Cléry. Ensuite, on prit la rue du Mail. Sur la place des Victoires, il y eut un arrêt. La mariée avait le cordon de son soulier gauche dénoué; et, comme elle le rattachait, au pied de la statue de Louis XIV, les couples se serrèrent derrière elle, attendant, plaisantant sur le bout de mollet qu'elle montrait. Enfin, après avoir descendu la rue Croix-des-Petits-Champs, on arriva au Louvre.  

 
 
M. Madinier, poliment, demanda à prendre la tête du cortège.
C'était très grand, on pouvait se perdre; et lui, d'ailleurs, connaissait les beaux endroits, parce qu'il était souvent venu avec un artiste, un garçon bien intelligent, auquel une grande maison de cartonnage achetait des dessins, pour les mettre sur des boîtes. En bas, quand la noce se fut engagée dans le musée assyrien, elle eut un petit frisson. Fichtre! il ne faisait pas chaud; la salle aurait fait une fameuse cave. Et, lentement, les couples avançaient, le menton levé, les paupières battantes, entre les colosses de pierre, les dieux de marbre noir muets dans leur raideur hiératique, les bêtes monstrueuses, moitié chattes et moitié femmes, avec des figures mortes, le nez aminci, les lèvres gonflées. Il trouvaient tout ça très vilain. On travaillait joliment mieux la pierre au jour d'aujourd'hui. Une inscription en caractères phéniciens les stupéfia. Ce n'était pas possible, personne n'avait jamais lu ce grimoire. Mais M. Madinier, déjà sur le premier palier avec madame Lorilleux, les appelait, criant sous les voûtes:
--Venez donc. Ce n'est rien, ces machines... C'est au premier qu'il faut voir.      

       La nudité sévère de l'escalier les rendit graves. Un huissier superbe, en gilet rouge, la livrée galonnée d'or, qui semblait les attendre sur le palier, redoubla leur émotion. Ce fut avec un grand respect, marchant le plus doucement possible, qu'ils entrèrent dans la galerie française.  



       Alors, sans s'arrêter, les yeux emplis de l'or des cadres, il suivirent l'enfilade des petits salons, regardant passer les images, trop nombreuses pour être bien vues. Il aurait fallu une heure devant chacune, si l'on avait voulu comprendre. Que de tableaux, sacredié! ça ne finissait pas. Il devait y en avoir pour de l'argent. Puis, au bout, M. Madinier les arrêta brusquement devant le Radeau de la Méduse; et il leur expliqua le sujet. Tous, saisis, immobiles, ne disaient rien. Quand on se remit à marcher, Boche résuma le sentiment général: c'était tapé.
Dans la galerie d'Apollon, le parquet surtout émerveilla la société, un parquet luisant, clair comme un miroir, où les pieds des banquettes se reflétaient. Mademoiselle Remanjou fermait les yeux, parce qu'elle croyait marcher sur de l'eau. On criait à madame Gaudron de poser ses souliers à plat, à cause de sa position. M. Madinier voulait leur montrer les dorures et les peintures du plafond; mais ça leur cassait le cou, et ils ne distinguaient rien. Alors, avant d'entrer dans le salon carré, il indiqua une fenêtre du geste, en disant:
--Voilà le balcon d'où Charles IX a tiré sur le peuple.
Cependant, il surveillait la queue du cortège. D'un geste, il commanda une halte, au milieu du salon carré. Il n'y avait là que des chefs-d'œuvre, murmurait-il à demi-voix, comme dans une église. On fit le tour du salon. Gervaise demanda le sujet des Noces de Cana; c'était bête de ne pas écrire les sujets sur les cadres.
Coupeau s'arrêta devant la Joconde,* à laquelle il trouva une ressemblance avec une des ses tantes.


Boche et Bibi-la-Grillade ricanaient, en se montrant du coin de l'œil les femmes nues; les cuisses de l'Antiope surtout leur causèrent un saisissement. Et, tout au bout, le ménage Gaudron, l'homme la bouche ouverte, restaient béants, attendris et stupides, en face de la Vierge de Murillo.
Le tour du salon terminé, M. Madinier voulut qu'on recommençât; ça en valait la peine. Il s'occupait beaucoup de madame Lorilleux, à cause de sa robe de soie; et, chaque fois qu'elle l'interrogeait, il répondait gravement, avec un grand aplomb. Comme elle s'intéressait à la maîtresse du Titien, dont elle trouvait la chevelure jaune pareille à la sienne, il la lui donna pour la Belle Ferronnière, une maîtresse d'Henri IV, sur laquelle on avait vu un jour un drame, à l'Ambigu.
Puis, la noce se lança dans la longue galerie où sont les écoles italiennes et flamandes. Encore des tableaux, toujours des tableaux, des saints, des hommes et des femmes avec des figures qu'on ne comprenait pas, des paysages tout noirs, des bêtes devenues jaunes, une débandade de gens et de choses dont le violent tapage de couleurs commençait à leur causer un gros mal de tête. M. Madinier ne parlait plus, menait lentement le cortège, qui le suivait en ordre, tous les cous tordus et les yeux en l'air. Des siècles d'art passaient devant leur ignorance ahurie, la sécheresse fine des primitifs, les splendeurs des Vénitiens, la vie grasse et belle de lumière des Hollandais. Mais ce qui les intéressait le plus, c'étaient encore les copistes, avec leurs chevalets installés parmi le monde, peignant sans gêne; une vieille dame, montée sur une grande échelle, promenant un pinceau à badigeon dans le ciel tendre d'une immense toile, les frappa d'une façon particulière. Peu à peu, pourtant, le bruit avait dû se répandre qu'une noce visitait le Louvre; des peintres accouraient, la bouche fendue d'un rire; des curieux s'asseyaient à l'avance sur des banquettes, pour assister commodément au défilé; tandis que les gardiens, les lèvres pincées, retenaient des mots d'esprit. Et la noce, déjà lasse, perdant de son respect, traînait ses souliers à clous, tapait ses talons sur les parquets sonores, avec le piétinement d'un troupeau débandé, lâché au milieu de la propreté nue et recueillie des salles.
M. Madinier se taisait pour ménager un effet. Il alla droit à la Kermesse de Rubens. Là, il ne dit toujours rien, il se contenta d'indiquer la toile, d'un coup d'œil égrillard.




 

Les dames, quand elles eurent le nez sur la peinture, poussèrent de petits cris; puis, elles se détournèrent, très rouges. Les hommes les retinrent, rigolant, cherchant les détails orduriers.  
-- Voyez donc! répétait Boche, ça vaut l'argent. En voilà un qui dégobille. Et celui-là, il arrose les pissenlits. Et celui-là, oh! celui-là... Ah bien! ils sont propres, ici! 
-- Allons-nous-en, dit M. Madinier, ravi de son succès. Il n'y a plus rien à voir de ce côté.
La noce retourna sur ses pas, traversa de nouveau le salon carré et la galerie d'Apollon. Madame Lerat et mademoiselle Remanjou se plaignaient, déclarant que les jambes leur rentraient dans le corps. Mais le cartonnier voulait montrer à Lorilleux les bijoux anciens. Ça se trouvait à côté, au fond d'une petite pièce, où il serait allé les yeux fermés. Pourtant, il se trompa, égara la noce le long de sept ou huit salles, désertes, froides, garnies seulement de vitrines sévères où s'alignaient une quantité innombrable de pots cassés et de bonshommes très laids. La noce frissonnait, s'ennuyait ferme. Puis, comme elle cherchait une porte, elle tomba dans les dessins. Ce fut une nouvelle course immense; les dessins n'en finissaient pas, les salons succédaient aux salons, sans rien de drôle, avec des feuilles de papier gribouillées, sous des vitres, contre les murs. M. Madinier, perdant la tête, ne voulant point avouer qu'il était perdu, enfila un escalier, fit monter un étage à la noce. Cette fois, elle voyageait au milieu du musée de la marine, parmi des modèles d'instruments et de canons, des plans en relief, des vaisseaux grands comme des joujoux. Un autre escalier se rencontra, très loin, au bout d'un quart d'heure de marche. Et, l'ayant descendu, elle se retrouva en plein dans les dessins. Alors, le désespoir la prit, elle roula au hasard des salles, les couples toujours à la file, suivant M. Madinier qui s'épongeait le front, hors de lui, furieux contre l'administration, qu'il accusait d'avoir changé les portes de place. Les gardiens et les visiteurs la regardaient passer, pleins d'étonnement. En moins de vingt minutes, on la revit au salon carré, dans la galerie française, le long des vitrines où dorment les petits dieux de l'Orient. Jamais plus elle ne sortirait. Les jambes cassées, s' abandonnant, la noce faisait un vacarme énorme, laissant dans sa course le ventre de madame Gaudron en arrière.
-- On ferme! on ferme! crièrent les voix puissantes des gardiens "




 
 Et puis aussi...
 
Que vivent les musées !
 



jeudi 27 novembre 2014

" Quand Aurore et Arnaud reprennent Jimmy Somerville "... article

Chers amis lecteurs, je vous livre avec plaisir le dernier article paru sur les " A2 ":
 
 
" Mais qui sont Aurore et Arnaud ?
Si tu es une fille, tu pourrais être Aurore, et si tu es un gars, tu pourrais être Arnaud.
Les A2, comme ils se nomment, sont 2 personnes comme tout le monde, à la différence près qu’ils ont une passion.
Elle chante, lui aussi, il joue même de la guitare et ils font des reprises en duo… jusque là, rien de bien folichon. Pas très original.
Là où ça se complique, c’est quand ils décident de faire des clips de leurs reprises. Alors pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Comme ils aiment le cinéma, un jour ils se sont dit que ça serait sympa d’être acteur aussi. Mais comme ils sont loin d’Hollywood, ils ont décidé de s’incruster dans les block busters de ces dernières années.
Donc là, c’est plus la même chanson… il faut maitriser le chant, la musique, l’acting… et le montage vidéo.
Pas de souci et c’est parti. On installe un fond vert dans le salon, on fait les prises de vues nécessaires, et on passe 2 jours à monter tout ça. Et je ne vous parle pas de toute la préparation entre le scénario, l’enregistrement de la chanson et tout ce que je n’imagine même pas.
Leur dernière « super production » est une reprise de Jimmy Somerville (les puristes diront Les Comunards, mais si tu as moins de 40 ans, tu n’avais même pas remarqué l’imprécision). Et pour le visuel, Aurore et Arnaud se baladent à côté de Tom Hanks dans Forest Gump, Ils chantent, jouent et dansent avec les Blues Brothers, avant de s’offrir un petit Retour vers le Futur.
Bon perso, j’ai été bluffé… et vous ?
PS : à voir aussi « I will survive » de Gloria Gaynor avec Shinning et « Dancing Queen » d’ABBA avec La Fièvre du Samedi Soir . "
 
= article paru dans NOISE-CULTURE.

mercredi 26 novembre 2014

les " A2 " : la critique de Mateo CR

hello !
ce matin, je ne résiste pas à l'envie de vous afficher la réaction de Mateo CR,
Réseau des Médiathèques de Pau et La République des Pyrénées, concernant le dernier clip des " A2":
"Mais qu'est ce que je les aime ces deux là ( Aurore et Arnaud du groupe A2 ) !!
Vous ne pouvez pas savoir ce l'on ressent quand on soutient des personnes et que l'on redécouvre à chaque fois leur talent créatif et leur joie pour le faire comme si c'était la première fois. Surprendre avec bon ton n'est pas donné à tout le monde... Ils relèvent cette entreprise haut la main !! "

ravie.


... et en exclusivité, cette vue du studio où ils bossent les clips.
Ici, sur ce fond vert, ils filment !... studio ? non, le vrai studio  c'est pour le son ( Aurore au chant et Arnaud aux instruments) .
Là, ils ont transformé le salon, viré les meubles, Aurore a tenté de bien repasser la toile verte... et ho, c'est parti pour les prises de vue!
Un week-end de gros boulot, mais en amont, il y avait eu la recherche d'idées et la conception plan par plan du futur clip.
L'essentiel ? ils se prennent au jeu, s'entendent parfaitement et ... s'amusent .
Et, il me semble, ne font pas du mauvais boulot.
Allez sur You Tube pour les écouter ... et les voir !

lundi 24 novembre 2014

COVER A2 Jimmy Somerville - Don't leave me this way - forrest jump

... le voilà sorti tout chaud du moule, le dernier clip des "A2 " ( Aurore et Arnaud ) , une reprise plus qu'originale de Jimmy Somerville. Réalisation, chant, musique et images des A2.

Bien sûr, je suis une inconditionnelle !

dimanche 23 novembre 2014

CANDIDE : " Il faut cultiver notre jardin"

Je vous présente donc les Jardins de Marqueyssac : les plus beaux panoramas du Périgord …
Site classé du Périgord, les jardins romantiques et pittoresques de Marqueyssac offrent plus de 6 kilomètres de promenades ombragées, bordées de 150000 buis centenaires taillés à la main, et agrémentées de belvédères, rocailles, parcours d’eau et théâtres de verdure.
Du Belvédère de la Dordogne, à 130 mètres au-dessus de la rivière, se déploie un point de vue exceptionnel sur l’ensemble de la vallée, ses châteaux et ses plus beaux villages de France.
C'est aujourd'hui le site le plus visité du Périgord.




 
l'idée d'évoquer ces jardins m'est venue
en relisant la parabole finale du conte philosophique de Voltaire:
CANDIDE :

" Les grandeurs, dit Pangloss, sont fort dangereuses, selon le rapport de tous les philosophes : car enfin Églon, roi des Moabites, fut assassiné par Aod ; Absalon fut pendu par les cheveux et percé de trois dards ; le roi Nadab, fils de Jéroboam, fut tué par Baaza ; le roi Éla, par Zambri ; Ochosias, par Jéhu ; Athalia, par Joïada ; les rois Joachim, Jéchonias, Sédécias, furent esclaves. Vous savez comment périrent Crésus, Astyage, Darius, Denys de Syracuse, Pyrrhus, Persée, Annibal, Jugurtha, Arioviste, César, Pompée, Néron, Othon, Vitellius, Domitien, Richard II d'Angleterre, Édouard II, Henri VI, Richard III, Marie Stuart, Charles Ier, les trois Henri de France, l'empereur Henri IV ? Vous savez... -- Je sais aussi, dit Candide, qu'il faut cultiver notre jardin. -- Vous avez raison, dit Pangloss : car, quand l'homme fut mis dans le jardin d'Éden, il y fut mis ut operaretur eum, pour qu'il travaillât, ce qui prouve que l'homme n'est pas né pour le repos. -- Travaillons sans raisonner, dit Martin ; c'est le seul moyen de rendre la vie supportable. »
      Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents. La petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde était à la vérité bien laide ; mais elle devint une excellente pâtissière ; Paquette broda ; la vieille eut soin du linge. Il n'y eut pas jusqu'à frère Giroflée qui ne rendît service ; il fut un très bon menuisier, et même devint honnête homme ; et Pangloss disait quelquefois à Candide : « Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si vous n'aviez pas été chassé d'un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour de Mlle Cunégonde, si vous n'aviez pas été mis à l'Inquisition, si vous n'aviez pas couru l'Amérique à pied, si vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au baron, si vous n'aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. -- Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »






vendredi 21 novembre 2014

Françoise HARF : peintre-photographe-graphiste paloise

Envie ce soir de vous présenter plusieurs œuvres de Françoise Harf qui a offert à notre groupe d'écrivains OCTOGRAPHE la couverture de notre dernier roman "Au Creux des Souvenirs".

 
Voici plusieurs de ses œuvres.
 



 
Elle commence par prendre des photos.
Ensuite , à l'aide d'un logiciel numérique,
elle les retouche, les ajuste à son goût,
crée des ombres, des superpositions...




 
Quand elle est satisfaite du résultat,
elle part chez un imprimeur
qui travaille spécialement avec elle ( car je la connais très exigeante, ce qui est normal )



 

 
... et cet imprimeur les imprime ( normal ... excusez la répétition)
sur une plaque de verre, de plexiglass ou d'alu.
 

 

 
Elles sont alors sublimées par la transparence et la lumière.
Voilà ses explications, hier soir, au cours d'un délicieux apéro...
et figurez-vous que je lui ai acheté une de ses œuvres,
elle est sur cette page ... mais ... laquelle ?
... à vous de le deviner !
 
 


Pour rappel, notre couverture: 
 
 
" Les secouristes s'affairent sur l'homme. Carrère en vieil habitué les bouscule légèrement. Il s'agenouille et palpe le corps du type. Il fouille méthodiquement: les poches, sous les vêtements, dans les doublures. Rien. Aucun papier, aucun argent, aucune clé, rien."
L'homme est inconscient, sous les coups sa mémoire s'est enfuie.
Cet homme qui est le point de jonction de tant de destins croisés,
qui est-il?
De ce passé, composé de vies pittoresques nées à PAU pendant l'hiver glacial de 1956, vont peut-être surgir des vérités longtemps étouffées.
Dès la parution dans le journal local de la photo de l'amnésique,
Sylvette, une fillette de dix ans qui vit seule avec son père,
pense le reconnaître.
 

jeudi 20 novembre 2014

" Les misérables et les privilégiés" : édito de ce matin paru dans " La République des Pyrénées", signé Jean-Marcel BOUGUEREAU.


Chers amis, je vous invite à lire l'Edito de Marcel Bouquereau paru ce matin dans " La République des Pyrénées " :
Cela fait froid dans le dos !
Titre:
LES MISERABLES ET LES PRIVILEGIES.
Par Jean-Marcel Bouguereau ...
Publié à 06h00
Mise à jour : 09h13  
"Le portrait de la France que vient de dresser l'INSEE a de quoi faire peur. C'est le portrait d'une France que, bien souvent, on préfère ne pas regarder en face. Reconnaissons-le, il nous arrive parfois d'en détourner les yeux. C'est celle des SDF, de ces gens qui vivent sous des tentes ou autres abris de fortune, malgré le froid hivernal. En 11 ans, le nombre de ces sans-logis a augmenté de 44 %, et bien souvent, ce sont des femmes, et même des enfants ! Et pourtant un SDF sur quatre travaille ! Ainsi, on peut donc travailler sans pouvoir se loger, vu les loyers et les garanties demandées…
Derrière ces travailleurs SDF, il y a tous les autres, ceux qui ne se montrent pas, ces silencieux de la misère ordinaire, les allocataires souvent chômeurs en fin de droits ou ceux qui perçoivent le RSA. Avec les conjoints et les enfants, cela concerne près de quatre millions et demi de personnes. Fin 2012, un sur quatre affirmait avoir dû se priver "d'achats alimentaires" et 20 % des personnes en fin de droit déclaraient également avoir renoncé à des soins médicaux !
On se souvient de l'objectif "zéro SDF" de Nicolas Sarkozy lors de la campagne de 2007, une promesse que Lionel Jospin avait faite cinq ans plus tôt. D'autant qu'avec la crise, le nombre de chômeurs de longue durée a bondi touchant évidemment les populations les plus fragilisées, les ouvriers, les immigrés, les habitants de ces zones urbaines que l'on appelle "sensibles" et les personnes sans diplôme. Désormais, on peut facilement basculer d'une catégorie à l'autre. L'Insee a une formule alambiquée pour dire que les inégalités se sont accentuées : "La crise porte un coup d'arrêt à la baisse des inégalités de revenu salarial", même si, rendons-en grâce à Jean-Marc Ayrault, les hausses d'impôts ont légèrement réduit ces inégalités. Sans forcer sur la démagogie, comment supporter, dès lors, que l'ancien patron de France Télécom, Didier Lombard, touche depuis 2007 une retraite-chapeau de 350 000 euros par mois, alors qu'il a été viré plutôt que félicité. On ne peut qu'applaudir à la volonté d'Emmanuel Macron d'en finir avec ce système. Même si on reste dubitatif sur la concrétisation d'engagements déjà pris par Montebourg et Moscovici.
Pendant ce temps, Pierre Gattaz multiplie les provocations, proposant successivement un salaire inférieur au Smic, le retrait de la convention internationale obligeant à motiver un licenciement, et, vieille rengaine, la suppression de l'impôt sur la fortune. On voudrait provoquer une explosion sociale qu'on ne s'y prendrait pas autrement ! Comme si on avait oublié que la société française avait une relation particulière à l'égalité, ce mot magnifique, inscrit au fronton de nos mairies et de nos écoles"

mardi 18 novembre 2014

Je fais déjà cela toute la journée avec mes élèves, non mais... allô quoi !


Abattu de sang froid par sa compagne après avoir dit qu’il allait
« au coiffeur » dans la voiture « à sa mère » :

C’est dans une petite bourgade aux alentours de Lille que l’affaire a débuté. Nadège Legrand, professeur de français dans un collège ne supporte plus les fautes de Bruno, son compagnon de vie et l’abat sur un coup de tête. Une faute d’accord décisive qui fait d’ores et déjà frémir les dyslexiques de la langue française.





 
Ce mercredi matin, c’est l’affolement à Quesnoy-sur-Deûle, personne ne s’attendait à ce geste de la part de Nadège, « une fille du pays qui a toujours le mot juste pour chacun », comme aime à le souligner la boulangère qui l’a vue grandir, de la maternelle jusqu’aux études supérieures de lettres en passant par la Terminale L.
« C’est vrai qu’elle parle avec des mots intelligents qu’elle met toujours dans le bon ordre ; c’est la seule que je connaisse comme ça dans le Nord Pas de Calais ».


Nadège est réputée être une bonne enseignante, aimée de ses élèves, sévère aussi.
Cette sévérité, c’est Bruno qui en aura fait l’expérience. D’après les sources, nulle querelle n’aurait précédé l’acte fatal. Selon le médecin légiste, la victime semble avoir été surprise de l’assaut de sa compagne. Une seule phrase aurait été fatidique. Des témoins oculaires rapportent la scène telle quelle : Bruno serait sorti de leur pavillon en s’avançant vers sa voiture, Nadège lui aurait crié quelque chose du perron, certainement pour s’enquérir de ce que ce dernier allait faire, Bruno lui aurait répondu quelque chose, que Nadège lui aurait fait répéter, et c’est à ce moment que Nadège aurait empoigné un des nains de jardin de la cour et aurait fondu sur Bruno en fulminant. De là, un bref mouvement de surprise de la part de Bruno, et une scène de carnage qui ne se serait achevée qu’une fois Bruno à terre.

 
 Interrogée pendant sa garde à vue, c’est une Nadège sans remords qui explique : « Ça devait finir comme ça, je le savais. Depuis 7 ans, je le corrige nuit et jour, il ne fait aucun effort, là c’était de trop, je n’ai pas supporté.” Et qui nous donne la clef manquante, bien loin de l’hypothèse émise du crime passionnel : « Et à cet instant il m’a dit : « Je vais au coiffeur dans la voiture à ma mère ». Je lui ai fait répéter pour savoir si c’était de l’inattention, mais cela n’en était pas. Ce n’est quand même pas compliqué d’utiliser un génitif complément de nom exprimant la possession ! « Domus Ciceronis », la maison DE Cicéron. « Carrus Matris », le char DE ma mère, je ne vais pas répéter les mêmes choses indéfiniment. Je fais déjà cela toute la journée avec mes élèves, ce n’est pas pour le faire à nouveau en rentrant à la maison.”  !
 
L’aplomb et le calme de Nadège ce jour là pour expliquer son acte laissent la police judiciaire et la population de la petite ville désarmées. Les fautes de grammaire auront rarement été autant punies par un professeur de français qu’en cette journée funeste. La Ville de Quesnoy-sur-Deûle a cependant su tirer une leçon de cet incident dramatique et est depuis la première ville de France consommatrice de Bescherelle.

dimanche 16 novembre 2014

Dino Buzzati: " Le Désert des Tartares "

Aujourd'hui, comme le thème sur la page INONDONS FB avec l'ART était LE DESERT, je suis allée retrouver un ouvrage qui m'avait, à mes dix-sept ans, ouvert d'étranges horizons sur la notion d'ESPOIR. Et ce soir je le relis sans pouvoir m'interrompre d'une traite, aussi " percutée" par ce bouquin que pendant ma jeunesse. C'est " LE DESERT DES TARTARES" de Dino BUZZATI, paru en 1940.


 

 
Drogo, un jeune lieutenant, se retrouve muté pour son premier poste dans un fort isolé au milieu des montagnes, succession de remparts avant le désert rocailleux.
Rien à faire vraiment si ce n'est scruter un horizon où rien ne se passe, des temps interminables à s'user les yeux . Et l'espérance, ce sentiment si inutile et nuisible, qui nous détruit, nous dira plus tard le philosophe André Comte Sponville que j'aime tant. Cette espérance que quelque chose arrive et ... qui ne viendra pas. Cette attente...vaine, mais Drogo ne le sait pas.
Drogo attend, attend toujours, sa jeunesse est passée, ses espoirs d'antan ne sont plus que regrets . Toute sa vie il a attendu, attendu...
  




 Voilà donc un livre passionnant, puissant, simple et humain.
Le lecteur se demande, en refermant le livre, si Drogo ce n'est pas un peu lui. Triste pensée de ceux qui espéraient trop au lieu de penser à vivre.
De ce livre percutant a été tourné un film paru en 1976, avec une musique d'Ennio Morricone et des acteurs prestigieux: Vittorio Gassman, Jacques Perrin, Jean-Louis Trintignant et Philippe Noiret.




 

 Je retourne à ma lecture, belle soirée à tous.

samedi 15 novembre 2014

Higelin-Symphonie des droits de l'homme

   ... pour mes enfants et mes petits enfants... et les autres aussi, cette chanson d'HIGELIN sur des images du film " La Clé des Champs " , album " Tombé du Ciel " -1988.



Oh, mon bel enfant !

Libre et prisonnier,
Prisonnier des contraintes que s’imposent les hommes
Et libre de les transcender.
N’aie jamais peur du vide,
Car c’est le vide qui t’a enfanté. 
Accroche-toi aux parois lisses et dures de la vie
Accroche tes ongles aux moindres interstices,
A la moindre anfractuosité du roc.
Ouvre large tes oreilles à l’appel du vent,
A la musique du silence. 
Ouvre tes narines aux odeurs fortes et subtiles des parfums de la Terre, 
De la sueur, de la peau, de tout ce qui vit, 
Qui exhale, qui respire. 
Pour que lorsque t’arrivera le pire, 
Tu puisses en tirer le meilleur. 
Ouvre tes bras à la détresse humaine
Car ta propre détresse peut en être le ferment.
Ouvre ton cœur à la beauté secrète, sourde, aveugle et muette.
Parce que rare est celui qui la voit,
Parce que rare est celui qui l’entend.
Garde ton âme ouverte comme une source offerte
A la soif du mendiant, de l’errant, du poète, du chercheur, de l’enfant.
Et ton regard innocent, et ton esprit honnête, 
Garde-les toute la vie car la simplicité est la marque des grands.
 
 Jacques HIGELIN

OCTOGRAPHE à EpiScènes pour présenter "Au Creux des Souvenirs "

... petit à petit ils sont arrivés...le bar était ouvert, les petits ballons de blanc, les bières mousseuse trônaient déjà sur les tables, la chaleur de cette fin de journée pluvieuse montait doucement mais régulièrement, les amis entrouvraient la porte, regardaient puis entraient en souriant, des embrassades ,une ancienne élève, une ex-collègue, des acteurs d'une même compagnie, des amis du "temps libre", des curieux aussi...
le guitariste a joué du Marcel Daddy et le group
e Octographe a lu quelques extraits de son dernier roman. Oh pas trop ! histoire de ne pas déflorer le suspens ( " On dit " le suspend madame" m'avait reproché un inspecteur de Lettres" )... puis des échanges, des questions et des réponses, des signatures et une belle photo des quatre "écrivants " ._ allez on se lâche, on les nomme: Jacqueline, Dany, Henri et Olivier_ belle photo donc avec notre amie Françoise qui nous recevait à EpiScènes et qui nous avait offert la couverture de " Au Creux des Souvenirs ".
Au final une fort belle soirée conviviale à souhait comme on les aime. Alors, quelque part ailleurs, nous nous retrouverons .


 
Dans l'ordre, de gauche à droite:
Henri, Dany, Jacqueline, Françoise et Olivier. 
EpiScènes est une salle très conviviale à BIZANOS-64
ouverte à tous les artistes amateurs ou pros.
Il s'y produit du théâtre, des expositions, de la musique, des débats...
toujours autour d'un verre et d'une assiette de tapas.
Un lieu où on aime venir et revenir.

vendredi 14 novembre 2014

Art : La Fondation Vuitton... un vaisseau de verre à l'orée du Bois de Boulogne

Au hasard de mes lectures, je viens de tomber sur un article concernant ce nouveau bâtiment adossé au Jardin d'Acclimatation.
Ce nouveau musée que d'aucuns comparent
à un vaisseau de verre ou à un nuage
est consacré
à l'ART CONTEMPORAIN
des 20ème et 21 ème siècles.
 
 
Cette fondation a été voulue par Bernard Arnaud,
pdg de LVMH,
qui en assure la totalité du financement
soit cent millions d'euros.
 
 


 Ce nuage aux formes déstructurées ,
de 40m de large sur 150m de long,
a été dessiné par le même architecte que le GUGGENHEIM de Bilbao,
ce dont on pouvait se douter en le voyant,
Franck GEHRY.